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Une synthèse des annonces d'E. Macron pour l'éducation (petite enfance, enseignement scolaire, apprentissage, justice des mineurs...)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture, Justice, Orientation le lundi 08 mai 2017.

Selon les informations dont dispose ToutEduc, plusieurs personnalités dans l'entourage du président de la République élu hier 7 mai, sont susceptibles de jouer un rôle important dans le secteur de l'éducation. De plus, comme l'avait expliqué la sénatrice Bariza Khiari qui représentait le candidat lors d'une rencontre organisée par l'OZP, les spécialistes qui conseillaient le candidat d'En Marche sont "de hauts fonctionnaires qui [tenaient] à conserver leur anonymat". Il semble donc pour le moins prématuré de se fonder sur les déclarations de cet "entourage" pour savoir quelles seraient les premières mesures que pourrait prendre le-la futur.e ministre de l'Education nationale, d'autant que les élections législatives vont définir ses marges de manoeuvre dans un nouveau paysage politique.

De plus, dans sa réponse à la société des agrégés, le candidat interrogé sur les "mesures radicalement nouvelles" qu'il pourrait prendre, s'était refusé à dire que "tout ce qui a été fait précédemment est nul et non avenu", il ajoutait : "si de profonds changements doivent être engagés, il faut bannir le mythe du 'Grand soir' (...) Un principe cardinal structure notre projet pour l’éducation : faire confiance aux femmes et aux hommes qui oeuvrent au quotidien pour la réussite des élèves (...)."

Sa réponse au SNES témoigne d'une vision de l'école fondée sur la méritocratie, la transmission des savoirs, le respect dû aux enseignants, mais aussi leur autonomie. Il estime que "quelque chose s’est brisé entre la France et son école, entre l’administration et les enseignants (...) Alors que l’école est le socle de toute émancipation, cette cassure nous a fait perdre notre cap." Pour lui, le rôle de l'Etat est de fixer "des objectifs nationaux ambitieux" mais aussi de donner aux enseignants "les moyens d’expérimenter, d’inventer et d’imaginer l’école de demain".

Voici un rappel des prises de position du candidat d'En Marche, telles qu'elles apparaissaient dans son programme et dans ses réponses à la société des agrégés, au SNES et à l'UNML (l'union nationale des missions locales).

Petite enfance : "Nous maintiendrons un rythme élevé de création de places en crèche (...) Nous obligerons les communes à publier en ligne leurs critères d’attribution des places de crèche (...) Nous orienterons progressivement les critères d’attribution vers des règles plus équitables et modulerons les financements nationaux selon le poids accordé par la commune aux critères sociaux."

A noter que le collectif "Pas de bébés à la consigne" s'était inquiété en 2015 d'une disposition "passée inaperçue" de la "loi Macron" qui permettait d'inclure les modes d’accueil collectifs dans le champ de la directive européenne "services"; ils seraient alors "soumis aux règles de la concurrence".

Le système scolaire : "La priorité doit être accordée à l’acquisition des fondamentaux en maternelle et en primaire, puis à l’accompagnement personnalisé et à l’orientation au collège. Le lycée doit préparer aussi bien à une insertion professionnelle rapide et réussie qu’à la poursuite d’études supérieures (...) Les écoles, les collèges et les lycées doivent s’organiser autour de trois grands principes : bienveillance, liberté, responsabilité."

Primaire : "Pour les écoles primaires, laisser aux communes – en lien étroit avec les écoles de leur territoire – le soin d’organiser le temps périscolaire sans contrainte. Nous laisserons aux écoles une autonomie pédagogique et une autonomie de recrutement.

Maternelle : Le candidat évoque le développement de la scolarisation à 2 ans. Il annonce de plus son intention de mobiliser "des jeunes engagés dans le cadre du service civique, afin d’appuyer les professeurs, particulièrement pour la maîtrise du langage".

Elémentaire : "Nous diviserons par deux les effectifs des classes de CP et de CE1 en REP et REP+ (...) 12 000 enseignants porteront ce projet" ce qui passe par la réorientation de "6 000 postes à 10 000 postes des 60 000 postes créés au cours du quinquennat actuel" [Les Echos croient savoir que seraient mis à contribution les "maîtres +" du dispositif "Plus de maîtres que de classe" qui serait, de facto, supprimé, ndlr] et par la création de 4 000 à 5 000 postes".

Handicap : "Nous continuerons à encourager la scolarisation en milieu ordinaire des nombreux enfants aujourd’hui sans solution scolaire. Nous donnerons accès à un(e) auxiliaire de vie scolaire à tous les enfants en situation de handicap qui en ont besoin pour avoir une scolarité comme les autres." Les AVS auront "un statut sécurisé" et seront mieux payés. "Nous améliorerons le parcours des jeunes permettant l’accès aux diplômes, notamment au travers des adaptations numériques."

"Nous améliorerons la vie des personnes handicapées autour de l’école, par exemple en assurant une meilleure accessibilité des activités de loisirs péri-scolaires, en organisant des séjours de vacances dédiés ou mixtes."

Primaire - Collège : "A chaque rentrée, de la grande section à la classe de 3ème", un "bilan de compétences personnalisé" doit permettre pour l'année "une véritable personnalisation des apprentissages" et l'élaboration de formations adaptées pour les enseignants concernés" [Bariza Khiari n'avait pu préciser si les items de ce bilan seraient laissés à l'initiative des enseignants ou seraient imposés nationalement].

"Nous renforcerons l’individualisation des apprentissages en développant des supports numériques et des applications adaptées pour faire évoluer les pratiques pédagogiques."

Soutien : "Nous lutterons contre la déperdition des savoirs scolaires en proposant des stages de remise à niveau en fin d’été entre le CP et le CM2. Ils seront assurés par des enseignants volontaires, qui seront rémunérés à ce titre (...) Nous encouragerons une grande mobilisation inter-générationnelle pour la réussite scolaire par l’implication de bénévoles (notamment étudiants et retraités) dans le soutien des élèves après la classe et nous soutiendrons les associations dédiées (...) Les exemples d’associations comme 'Lire et faire lire' ou l’Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV) ont démontré la pertinence du recours à des bénévoles pour accompagner les enfants dans l’apprentissage de la lecture."

Collèges : "Laisser la possibilité aux équipes pédagogiques qui le souhaitent (...) de proposer à nouveau des parcours bilangues, des parcours européens ainsi que la possibilité de rétablir pleinement l’enseignement des langues anciennes."

Collège - Lycée : "Nous proposerons à tous un accompagnement après la classe. Une part importante des inégalités scolaires se joue en effet en dehors de la salle de classe (...) Au collège, nous reviendrons donc sur l’abandon, en 2015 (hors zones prioritaires), du dispositif d’accompagnement éducatif après la classe. Nous proposerons, comme en primaire, des stages de remise à niveau pour les collégiens les plus en difficulté. Nous remettrons des études dirigées partout dans les établissements. Nous mobiliserons les enseignants, des retraités volontaires et des étudiants. Dans le parcours de tous les étudiants de France, il y aura un trimestre dédié à cette activité."

Lycées : "Revoir la forme du baccalauréat (4 matières obligatoires à l'examen final et le reste en contrôle continu) afin de rendre possible de nouvelles formes d’organisation du temps scolaire et de nouveaux parcours, qui prépareront mieux à la poursuite d’études et à l’insertion professionnelle." [voir aussi à ce sujet les propositions des présidents d'université, ici

EAC : Sur l'éducation artistique et culturelle, son gouvernement encouragera "les projets d’initiation à la pratique artistique collective (par exemple orchestres, chorales et théâtre) et de rencontres avec des oeuvres et des artistes".

Etablissements : "Nous accompagnerons l’autonomie des établissements de diagnostics réguliers et si besoin de mesures d’accompagnement spécifiques. Chaque collège et chaque lycée bénéficiera d’un diagnostic tous les 3 ans (...). Il mobilisera l’équipe de direction conduite par le chef d’établissement, l’équipe pédagogique, les parents et les élèves seront également entendus."

Elèves en difficulté : Le candidat évoque la mise en place d' "un 'sas' de préparation à l’alternance à la fin du collège" pour s'assurer que les élèves "maîtrisent les savoirs de base", leur validation étant "la condition d’un accès réussi au lycée professionnel ou au CFA". Il évoque aussi le développement "de périodes de pré-apprentissage".

Climat scolaire - Sécurité : E. Macron "garantir[a] un environnement serein pour la transmission des savoirs, en réaffirmant le respect et la sécurité à l’école". Il cite à cet égard "l’interdiction des téléphones portables à l’école et au collège". Sur la sécurité, le candidat entend "diffus[er] les dispositifs efficaces (comme les équipes mobiles de sécurité ou les dispositifs d’alerte spécifiques dédiés au confinement ou à l’intrusion)", mais aussi garantir "un contrôle d’accès efficace à tous les établissements".

Apprentissage - Enseignement professionnel : "Nous ferons un effort massif pour l’apprentissage." Plus globalement, Emmanuel Macron entend faire "de l’alternance le coeur de l’enseignement professionnel et la voie d’accès privilégiée aux emplois de qualification moyenne". Il annonce que "des filières d’alternance seront proposées dans tous les lycées professionnels". Par ailleurs, il s'engage "à rendre l’apprentissage plus simple et lisible pour les entreprises (rassemblement des aides/ subventions, guichet unique, convergence des 2 contrats existant, affectation de l’ensemble de la taxe d’apprentissage pour son financement, unification des grilles de rémunération et association des branches)".

"Pour que les bacheliers professionnels réussissent dans l'enseignement supérieur, des licences professionnelles seront préparées sur trois ans et en alternance. Nous ferons converger les contrats existants et impliquerons pleinement les branches professionnelles dans la définition des programmes et l’organisation des formations."

Jeunes en échec : Emmanuel Macron s'est engagé à poursuivre "la généralisation de la Garantie jeunes" et à former "1 million de jeunes peu qualifiés éloignés de l’emploi".

Enseignants : "Enseigner est un métier qui s’apprend et qui doit prendre appui sur la recherche. La formation initiale et continue sera articulée autour de l’excellence académique et de la présence accrue de praticiens, qui continueront à enseigner tout en assurant le suivi des jeunes collègues. Chaque enseignant, du premier comme du second degré, bénéficiera de trois jours de formation continue chaque année."

"Nous n’affecterons plus aucun professeur (hors choix motivé) en zone prioritaire pendant ses 3 premières années d’enseignement. (...) Les enseignants, du premier et du second degrés, qui exercent en REP+ seront mieux accompagnés et recevront une prime annuelle supplémentaire de 3 000€ nets (...) Nous étendrons la formation en alternance dès la licence pour les étudiants qui se destinent aux métiers de l’enseignement (...) Chaque année, tout enseignant, du premier comme du second degré, bénéficiera d’au moins trois jours de formation continue adaptée aux besoins rencontrés dans sa classe – la moitié de ces heures de formation pourra être effectuée via des modules en ligne."

Parents : "Il faut aussi renforcer le lien de confiance entre les parents" à qui "il est essentiel de fournir des clés qui leur permettent de mieux accompagner leurs enfants, de mieux comprendre le fonctionnement de l’institution scolaire mais aussi de réaffirmer leur rôle et leur responsabilité dans leur réussite". Il évoque notamment la généralisation de "l’expérience de la 'mallette des parents'. Cette initiative facile à mettre en place – trois réunions annuelles – permet de renforcer la place des parents et a une influence positive sur les résultats scolaires et le comportement des élèves."

Justice des mineurs : "Nous voulons maintenir la double vocation du Juge des enfants, à la fois Juge de la protection du mineur et Juge pénal (...) Nous encouragerons auprès des conseils généraux le placement des mineurs non délinquants en assistance éducative dans les internats des collèges et des lycées avec un suivi renforcé. Si l’intégration auprès des autres collégiens et lycéens s’avère impossible, le mineur sera alors placé dans un foyer éducatif avec scolarisation à l’extérieur. Dans les cas où la délinquance est malheureusement installée, le mineur sera placé dans un centre éducatif 'fermé', c’est-à-dire que la scolarisation ainsi que les formations ont lieu dans le centre et que les sorties sont strictement contrôlées et soumises à autorisation.

Notre objectif est de mettre à disposition une centaine de centres éducatifs fermés (il en existe 56 aujourd’hui), efficacement répartis sur le territoire. Les mineurs criminels ou dangereux condamnés iront en établissement pénitentiaire pour mineurs.

Nous mettrons en place des programmes d’aide aux parents de mineurs en difficulté (groupes de paroles, conseils à l’éducation, aide à l’apprentissage du français pour les parents immigrés) dans les établissements scolaires. Les parents doivent être associés à la prise en charge efficace de leurs enfants et non pas sanctionnés."

Culture des jeunes : "Aujourd’hui, moins d’un enfant sur deux a accès aux actions d’éducation artistique et culturelle (...) Les projets d’initiation à la pratique artistique collective (orchestres, chorales, troupes de théâtre) ou de rencontre avec des œuvres et des artistes seront encouragés (...) Créer un Pass Culture de 500 € pour tous les jeunes de 18 ans, qui leur permettra, via une application, d’accéder aux activités culturelles de leur choix : musée, théâtre, cinéma, concert, livres ou musique enregistrée. Il sera cofinancé par les distributeurs et les grandes plateformes numériques, qui bénéficieront du dispositif" et il sera étendu au niveau européen."

Service civique et le service national : S'il entend "permettre à chaque jeune qui le souhaite d’accéder à une mission de service civique", le candidat rappelle qu'il a "proposé l’instauration d’un service national obligatoire et universel". Une "grande concertation nationale" déterminera comment service civique et service national obligatoire se complèteront"

Enseignement supérieur : Emmanuel Macron évoque "la création de nouveaux ensembles cohérents, qui transcendent les distinctions héritées entre universités, écoles, organismes".

 

Sur l'entourage du président élu, voir ToutEduc ici et ici

Sur son programme ici, sur sa réponse à la société des agrégés, ici, sur sa réponse au SNES ici, sur sa réponse à l'UNML ici, sur le collectif "Pas de bébé à la consigne ici

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