Accueil des jeunes enfants : quelle bonne recette ? (revue Spirale)
Paru dans Petite enfance le mardi 25 octobre 2016.
L'accueil des jeunes enfants nécessite de faire converger des intérêts divers, "parfois difficilement compatibles", constate Marion Latuillière, éducatrice et directrice de la Crèche à La Friche - La Belle de Mai à Marseille, dans le dernier numéro de la revue Spirale (2016/3 n°79). Par exemple, "les exigences budgétaires des institutionnels ne faciliteront pas la mise à disposition des ressources matérielles et humaines nécessaires aux besoins des enfants et des professionnels". Quant aux normes imposées par la PMI, elles "viendront contrecarrer parfois l’organisation des équipes et la liberté nécessaire à la créativité du projet".
Comment parvenir à satisfaire les différentes parties en présence ? Marion Latuillière souligne l'importance d'élaborer des documents dès la création d’un projet pour "poser le cadre commun à la construction de l’accueil" : projet social, projet d’établissement, projet pédagogique, projets de sections, projets spécifiques, règlement de fonctionnement, règlement intérieur... Ces écrits vont évoluer tout au long du développement de la structure.
Le rôle crucial des temps de rencontre
Elle préconise ensuite des outils administratifs "pour assurer une gestion fine et quotidienne ainsi qu’une planification de la vie de la structure". Pour les partenaires financiers, elle cite les comptes de résultats, de suivis de projets, de relevés d’activités… Pour les partenaires sociaux, sont recommandés les synthèses éducatives, comptes rendus de réunions, plannings de suivi. Les parents, eux, "auront à leur disposition les demandes de congés, d’accueils occasionnels, de changement de contrats, des factures, des mails d’informations".
En parallèle, Marion Latuillière souligne le rôle crucial des temps de rencontre, réunions ou entrevues. Elle précise : "Les équipes échangent avec les partenaires. Les professionnels communiquent avec les parents. Le personnel de la structure se réunit régulièrement pour élaborer. Les fréquences de ces moments de partage sont à choisir avec attention. En effet, ils peuvent vite devenir chronophages. Mais ils permettent l’expression de tous et la réadaptation constante du projet en fonction des attentes et des besoins de chacun." À ses yeux, un accueil de qualité comprend également "des formations, des conférences et un travail de réflexion sur les pratiques".
Un référent pour chaque enfant
Pour sécuriser les enfants, Marion Latuillière recommande un référent pour chaque enfant et une personne relais pour assurer la continuité en cas d’absence. "Chacun évolue au sein du même petit groupe d’enfants (maximum 8 par groupe) pour leur permettre de se rencontrer, de se découvrir, de s’apprivoiser", indique-t-elle. Il convient aussi d'instaurer une référence des lieux, avec des espaces dédiés et réguliers : "chacun sa section, chacun son espace de change, sa table, sa place à table, son lit, son casier".
Autre ingrédient essentiel : la référence de temps, à travers un déroulé précis et répétitif au cours de la journée, qui permet de renforcer la sécurisation. Les enfants savent "où, quand et avec qui". "Ainsi, se développent un sentiment de sécurité et, simultanément, celui d’appartenance au groupe, de confiance dans l’adulte, de reconnaissance de soi", résume Marion Latuillière.
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Diane Galbaud