Violence des jeunes: les deux écoles
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le lundi 08 juin 2009.
Ce sont deux visions du monde qui se sont affrontées sur France Culture au micro d'Alain Finkielkraut, dont l'émission Répliques de ce samedi 6 juin était consacrée à la violence des jeunes de banlieues. D'un côté, l'écrivain Pierre Jourde, regrettant que l'autorité soit devenue un sujet tabou et mettant en avant les « facteurs culturels » qui selon lui sont encore largement sous estimés. De l'autre, la philosophe Judith Revel, plus attachée aux « parcours de vie » des individus, insistant sur les multiples frustrations qui conduisent certains d'entre eux à s'en prendre à une société dont ils se sentent exclus. Alain Finkielkraut, quant à lui, n'a fait qu'abonder dans le sens du premier, multipliant les exemples tendant à montrer que certains jeunes « ne font aucun effort » pour s'intégrer, et qu'il serait bien trop facile de tout imputer à « la société ».
La ligne de partage étant tracée, on s'interrogera sur la portée de ces deux modèles explicatifs, qui au fond, sont peut-être plus complémentaires que contradictoires. La première lecture, celle que font Pierre Jourde et Alain Finkielkraut, en appelle à la restauration des valeurs bafouées, par un durcissement de l'attitude institutionnelle et de ses représentants. Celle de Judith Revel, en revanche, en appelle à restaurer la confiance, par une multitude de « petites réussites » quotidiennes, qui passent par ce qu'il y a d'informel dans les relations entre les individus.
On notera enfin que de toutes les anecdotes, alarmantes pour la plupart, égrenées au fil de l'émission, seule celle que raconte Judith Revel (à la toute fin) nous apprend véritablement quelque chose. Pour l'entendre, rendez vous sur la page de l'émission, et cliquez sur « Ecoutez ».