"Apprendre à apprendre", des pistes pour aider les élèves à s’approprier les savoirs.
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 25 février 2015.
"Dans un univers complexe où règne l’incertitude, comment faire pour que nos élèves ne tombent ni dans le charybde des croyances naïves ni dans le scylla du relativisme ? Comment les amener à douter sans tomber dans l’ère du soupçon, où puisque rien n’est sûr, en fin de compte on peut tout croire ? Que répondre à un élève qui clame Qu’est-ce que vous en savez ?." Convaincu qu’à l’ère du numérique, il est plus que jamais indispensable d’aider les élèves à s’approprier les savoirs, Jean-Michel Zakhartchouk publie aux éditions Canopé un nouvel ouvrage intitulé "Apprendre à apprendre".
Ancien enseignant en collège et collaborateur des Cahiers pédagogiques, il rappelle que "le nouveau socle commun met en avant les méthodes et outils pour apprendre comme un des axes essentiels de ce que doivent acquérir tous les élèves". Pour y parvenir, il propose aux enseignants de multiples pistes, depuis l’école jusqu’au lycée, les invitant "à visiter les secrets de fabrique et les arrière-boutiques…".
Attention aux stéréotypes
Etre attentifs, retenir, comprendre vraiment ce qui est demandé, savoir chercher, prendre des notes, se relire, se corriger, s’autoévaluer, s’exprimer à l’oral… Autant de compétences que chaque élève ne peut pas acquérir de la même façon.
Mais, attention aux stéréotypes, prévient l’auteur : "Karima reste imperturbable : du bruit autour d’elle, ça ne l’empêche pas de travailler… Mickael, au contraire, est trop souvent prisonnier du contexte… La tentation existe de surestimer ces différences, de les figer en les simplifiant dans une logique binaire (cas des visuels et des auditifs)."
Face aux consignes, il s’agit de rendre l’élève acteur : "Dans la vie future, le jeune sortant de l’école devra continuer à répondre à des consignes. Il devra aussi en saisir le sens (pourquoi faut-il respecter les lois de la République, en quoi l’application de certaines consignes permet une préservation de notre environnement ou assure de la sécurité ?)."
Une autoévaluation contractuelle
Abordant l’évaluation, Jean-Michel Zakhartchouk cite l’exemple d’une enseignante qui exige que tout devoir rendu par les élèves, de la 5e à la terminale, comporte une autoévaluation. Elle témoigne : "Au début les élèves sont surpris, voire réticents, puis ils trouvent des comparaisons motivantes : c’est comme la liste des choses à vérifier avant de lancer une fusée… Mais cela ne fonctionne que parce que les critères d’évaluation sont travaillés, qu’un fonctionnement par contrats individuels est mis en place, que les élèves se rendent compte de la rentabilité d’un tel dispositif."
Où et quand apprend-on à apprendre ? Si l’auteur réaffirme que "l’impératif d’apprendre à apprendre est une des tâches majeures de l’école", il se veut "plus pragmatique" et relève les avantages et inconvénients de l’accompagnement personnalisé, du soutien et des PPRE (programmes personnalisés de réussite éducative). Il constate aussi, reprenant une enquête d’Éric Favey et de la Ligue de l’enseignement, que le temps scolaire équivaut à une année sur les treize ans de scolarité (9 000 heures au plus) contre deux à deux ans et demi devant des écrans (20 000 à 25 000 heures), Il conclut : "Il revient bien à l’école de développer cette attitude d’établir des liens culturels [entre le monde de l’école et l’extérieur], à travers des pratiques qui participent alors réellement de la démocratisation scolaire…".
"Apprendre à apprendre", Editions Canopé, 9,90 euros