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Pour le SNES-FSU, le projet de généralisation du SNU fait craindre le pire

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 27 février 2023.

“Les jeunes ont besoin d’école, pas d’un dispositif de domestication qui dévoie les symboles de l’armée au profit d’un projet politique qui vise une fois de plus à affaiblir l’Education nationale“, fustige le SNES-FSU à propos du Service national universel dans un billet publié le 26 février.

Le syndicat majoritaire des enseignants du second degré déclare en effet, suite à un récent échange de la FSU (fédération à laquelle elle appartient, ndlr) avec Sarah El Haïry, que le projet de généralisation du SNU à tous les lycéens de seconde, “conçu comme une obligation“, se veut “une attaque en règle contre les principes même d’un système éducatif qui fait de l’émancipation par les savoirs, le coeur de son organisation“.

Celui-ci n'est d'ailleurs “pas acceptable“, d'autant qu'il reflète “l'expression d'une conception de l’éducation à la citoyenneté qui fait de l’organisation militaire un modèle à suivre“ et fait “partie intégrante d’un projet plus ample de réforme des institutions et du cadre de la vie démocratique“.

Déploiement

Au programme prévu pour le nouveau développement du SNU, dès janvier 2024 les élèves de six départements (Cher, Hautes-Alpes, Vosges, Finistère, Dordogne et Var) se rendraient en séjours de cohésion pour deux semaines “prises sur le temps scolaire“. Le dispositif serait ensuite étendu à 20 départements en 2025 pour une généralisation en 2026 (à noter que celle-ci était au départ prévue pour 2024, ndlr). Les séjours seraient étalés de janvier à juin en 2024 et d’octobre à juin les années suivantes.

Tous les élèves de seconde d’un lycée partiraient en même temps et seraient répartis dans des centres dédiés, composés d'équipes à temps plein, à savoir un tiers de volontaires de l’Education Nationale (personnels, détachés ou sur postes à profil), un tiers de personnels issus de l’éducation populaire et un tiers de corps en uniformes non actifs (réservistes, reconversion). Les missions d’intérêt général (MIG, 2ème phase du SNU) disparaîtraient totalement tandis que le volet “engagement“ (3ème phase du SNU, facultative) se ferait en lien avec le service civique.

Contenu

Le SNES s'inquiète et s'indigne en outre de la possible transformation du SNU en conclusion d'un “parcours citoyen“ dans lequel l’enseignement moral et civique (EMC) de seconde pourrait perdre ses 18 heures annuelles au profit d'une intégration au séjour de cohésion “dans une conception qui laisse bien peu de place à l’approche critique des savoirs et soumet dans les faits cette discipline scolaire à la logique d’une instruction militaire“.

Il ajoute qu'une organisation serait à prévoir dans les lycées pour tenir compte de l’absence des élèves de seconde “dans un calendrier scolaire désormais soumis aux contraintes du SNU“. Et s'ils ne seraient pas réellement imposés, seraient en revanche prévus des séjours de rattrapage pendant les vacances scolaires.

En outre, il est question d'autres modalités, comme celle du recensement ou de son périmètre. Car intégrer la journée d'appel (ou Journée défense et citoyenneté, JDC, ndlr) au SNU comme cela serait prévu en ferait “une obligation pour l’inscription aux examens et aux concours“, or actuellement “seuls les jeunes de 15 à 17 ans de nationalité française sont éligibles“, mais si un décret modificatif “étendrait le SNU aux étrangers“, quid de la journée d'appel et du recensement ?

Confusion sur les intentions et les objectifs

Aux arguments d'unité du système scolaire favorisée par la mixité sociale et l’inclusion des jeunes en situation de handicap que prodiguerait l'expérience SNU, le syndicat FSU des enseignants du 2nd degré oppose que “tous les arguments sont bons, y compris les plus improbables pour justifier l’extension du dispositif“, quand “ce gouvernement s’emploie pourtant à entretenir (le séparatisme scolaire) par toutes les réformes éducatives qu’il a mis et envisage de mettre en place“.

“Salut au drapeau, Marseillaise, défilé au pas, le tout dans la ‘convivialité‘ (sic)“.. Pour finir, l'organisation syndicale étrille une communication gouvernementale autour du Service national universel mêlant “simulacre de la geste militaire et l’obsession de l’ordre, appliqués à une jeunesse au comportement jugé potentiellement dangereux car désobéissant par essence et incivique par principe“.

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