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L'explosion de la consommation de psychotropes chez les enfants et adolescents pour pallier le manque de moyens liés à la santé mentale (HCFEA)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 14 mars 2023.

Le phénomène de sur-médication “ne concerne pas des cas isolés mais bien des milliers d’enfants“, s'inquiète le HCFEA dans un rapport traitant de la santé mentale des enfants, pourtant considérée comme la “première problématique de santé publique chez l’enfant en France et au niveau international“.

Pour la seule année 2021, calcule le Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge, la consommation de psychotropes chez l’enfant et l’adolescent a augmenté de 16 % pour les anxiolytiques, de 224 % pour les hypnotiques, de 23 % pour les antidépresseurs et de 7,5 % pour les antipsychotiques.

Cette hausse de la consommation de psychotropes chez l’enfant, antérieure à la crise sanitaire, serait même “considérable“ sur les dix dernières années (la prévalence serait passée de 2,5 % à 5 % chez l'enfant) et “sans commune mesure avec les consommations observées dans les pays européens et en Amérique du nord, y compris dans les pays très prescripteurs, où l’on observe des effets de palier voire une diminution de la médication chez les plus jeunes“.

“Les enfants sont nettement plus exposés que les adultes à la souffrance psychique et aux difficultés psychologiques, mais aussi à la médication“, en déduit le HCFEA qui évoque des augmentations 2 à 20 fois plus élevés que ceux observés au niveau de la population générale, “quand bien même le nombre d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en population pédiatrique est très limité pour les médicaments psychotropes".

Pourtant, la rareté du nombre d'études robustes sur l’efficacité des traitements médicamenteux chez l’enfant (effets indésirables, balance bénéfice/risque) fait que les consensus internationaux “sont réservés quant à la prescription de médicaments psychotropes“ pour ces populations et qu'ils “insistent sur l’importance de la surveillance et sur le rôle des agences de santé et de sécurité du médicament“.

Mais il s'avère que la France montre “un écart considérable entre l’augmentation de la demande de soin et les capacités d’accueil et de traitement de l’enfant en France“, ce qui crée un “effet ciseau“, c'est à dire une offre pédiatrique, pédopsychiatrique et médicosociale en recul et ne permettant plus d’accueillir dans des délais raisonnables les enfants et les familles. L'attente est de 6 à 18 mois sur le territoire.

Et alors que le nombre d’enfants en difficulté psychique augmente, “faute de spécialistes, la majorité des consultations de l’enfant est réalisée par le médecin généraliste“, tandis que la situation de la médecine scolaire, de la PMI et de l’ensemble des acteurs du champ médicosocial “est très altérée et ne permet plus d’assurer les missions de service public d’accueil et de suivi de l’ensemble des enfants et des familles“. La situation conduirait notamment à une aggravation de l’état de santé des enfants qui seraient moins pris en charge, mais également à une augmentation des hospitalisations en urgence, des passages à l’acte suicidaires et de suicides chez l’enfant et l’adolescent...

Le Haut conseil porte dès lors son regard sur les prescriptions et constate une “mise à mal systématique des AMM et des recommandations de traitement“, avec par exemple des prescriptions avant l’âge de 6 ans ou hors diagnostic, des durées de traitement particulièrement longues... Il ajoute avoir constaté “une détermination scolaire et sociale de la prescription de médicaments psychostimulants chez l’enfant et l’adolescent en France“, à savoir que les enfants les plus jeunes de leur classe ou issus des milieux défavorisés présentent des risques accrus de médication.

Face à “un risque avéré de substitution des pratiques psychothérapeutiques, éducatives et sociales de première intention par des pratiques médicamenteuses“, est souhaité que soient “considérablement renforcés les moyens structurels dédiés à la santé mentale de l’enfant et au déploiement d’une politique publique ambitieuse en la matière“.

Le rapport ici

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