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Harcèlement LGBTI+ : quelle efficacité des interventions dans les établissements scolaires ? (OCDE - SOS homophobie)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 15 juin 2023.

Le harcèlement anti-LGBTI+ à l’école est un problème d’envergure mondiale, constate l'OCDE qui rappelle que plusieurs des pays membres "soutiennent des organisations de la société civile qui interviennent directement auprès des élèves pour les sensibiliser à l’inclusion LGBTI+, dans le cadre de séances en classe de quelques heures". Mais celles-ci sont-elles efficaces ? L'organisation internationale a mesuré l'impact des interventions de SOS homophobie auprès d'élèves de région parisienne âgés de 13 à 18 ans.

Le questionnaire est très riche, une vingtaine de questions parfois subdivisées en sous-questions, par exemple : "Imaginez que vous déjeunez à la cantine de votre établissement et qu’une élève/qu’un élève s’assoit près de vous. La présence de cette personne vous dérange-t-elle beaucoup, un peu, pas vraiment, pas du tout si cette personne est... une fille hétérosexuelle ? un garçon hétérosexuel ? une fille homosexuelle ? un garçon homosexuel ? une fille bisexuelle ? un garçon bisexuel ? un garçon transgenre ? une fille transgenre ?"

Une "ouverture limitée"

Il en ressort que "l’ouverture des élèves à l’inclusion LGBTI+ est limitée", qu'elle est "plus forte chez les filles, et chez les élèves issus d’établissements favorisés", et que "les personnes transgenres sont moins bien acceptées que les personnes LGB", mais que cette ouverture "ne dépend pas de l’âge des élèves. 85 % des élèves se disent disposés à aider une personne harcelée (90 % des filles, 90 % des garçons, 83 % des élèves d'établissements défavorisés, 86 % dans les établissements favorisés), mais seuls 28 % se sentent capables de le faire. Si 77 % des élèves savent qu'être LGBTI+ n'est pas une pathologie, 54 % savent que ce n'est pas un choix mais seuls 15 % ont conscience des conséquences du harcèlement pour les victimes.

Ce pourcentage monte à 18 % après l'intervention de l'association SOS homophobie (17 % au bout de trois mois). Parmi les lycéens de même, on passe de 44 % d'élèves qui se disent "ouverts à l'inclusion" à 51 %. L'impact est donc "positif, et persiste au moins trois mois après", mais cette amélioration est limitée et "concerne surtout les filles et les garçons issus d’établissements favorisés".

Jusqu'où déléguer ces formations à des enseignants ?

Dès lors, que faire ? "Les associations telles que SOS homophobie sont insuffisamment développées pour les généraliser à l’ensemble des élèves. Mais ces associations pourraient jouer un rôle de premier plan dans la formation du personnel éducatif à qui ces actions seraient confiées (...). Il faudrait cependant éviter que cette activité de 'formation des formateurs', déjà initiée par plusieurs associations, se substitue entièrement à leurs interventions en milieu scolaire : le contact direct des élèves avec des personnes LGBTI+ est une expérience unique que la sensibilisation par les enseignants ne semble pouvoir totalement remplacer". L'OCDE estime que "les élèves pourraient être exposés au moins une fois à une intervention de bénévoles d’associations LGBTI+ au cours de leur scolarité".

C'est que ces bénévoles "incarnent la haine" lorsqu'ils se confrontent à certaines classes, comme l'ont souligné les intervenants à une table ronde qui accompagnait la présentation de ces données hier 14 juin, Véronique Godet (SOS homophobie), Franck Aubry (ministère de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances), Sophie Élizéon (DILCRAH), Judith Klein (DGESCO). Leur présence physique a donc une toute autre valeur qu'une simple transmission de connaissance assurée par une personne formée, mais non directement concernée. Et cette formation est nécessaire pour faire face à la dynamique de groupe qui peut, parfois, être négative quand on invite les élèves à s'exprimer sans tabous. "Il faut prendre le risque d'entendre ce que les élèves ont à dire." Il faut aussi déjouer une certaine sophistication des phénomènes de rejet, notamment ce que la Défenseure des Droits appelle "un harcèlement d'ambiance"...

Isabelle Lonvis-Rome, ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, souligne l'importance d'avoir "une politique globale au sein des établissements scolaires" et assure chacun de l'engagement de son collègue Pap Ndiaye sur le sujet.

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