Comment favoriser le bien-être des enseignants alors que leur insatisfaction est croissante (MGEN)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 13 mars 2023.
“Il y a un vrai problème structurel. C'est soit côté élève, soit côté enseignant, mais ce n'est pas couplé“, estimait lundi 13 mars Mathieu Perona à propos des études menées sur le bien-être à l'école. Invité d'une table-ronde organisée par la "Fondation MGEN", le directeur exécutif de l’observatoire du bien-être au Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap) considère qu'il faut construire ce lien, qu'il existe depuis 10 ans des outils, comme Pronote, qui permettent de le faire mieux.
“Stratégique pour la santé publique“, le bien-être est également évoqué par Mélusine Harlé au travers des actions concertées menées par la fondation envers les personnels depuis 20 ans. La directrice prévention constate une hausse de la fréquentation des espaces d'accueil d'écoute, à travers un soutien psychologique pour des questions à la fois personnelles et professionnelles. Elle note enfin le travail effectué dans les centres de réadaptation et les séjours de ressourcement, qui offrent aux personnels victimes d'accidents de la vie “30 % de chances de plus de revenir vers l'emploi“.
“Trois enquêtes de 2003, 2005, et 2013 montrent un fléchissement des indicateurs de bien-être“ chez les personnels de l'éducation, indique à ce propos Marie-Noëlle Vercambre-Jacquot, chercheure épidémiologiste, et responsable de l’axe “santé des personnels de l’éducation“ à la Fondation MGEN. Elle souligne une constante de lassitude dans divers pays et études, mais avec une forte variabilité selon le type de personnel, l'âge, le niveau...
une corrélation entre bien-être des enseignants et des élèves
Et dans l'insatisfaction exprimée par les enseignants dans les enquêtes bien-être au travail, il y a notamment “tout ce qu'on leur demande de faire au-delà de leur cœur de métier“, constate Mathieu Perona, qui collabore également avec la DEPP. Il note un problème très fort concernant la satisfaction au travail des enseignants en France, avec 10 % d'entre eux qui “sont très très mal dans le travail, cela ne se voit pas en population générale“. Sont soulignés pour motifs le déclassement et le sentiment de “métier empêché“ auxquels s'ajoutent des situations très douloureuses, des problèmes de mobilité, de fin de carrière...
Une autre spécificité française, poursuit-il, est que “les élèves se sentent beaucoup moins chez eux et à l'aise à l'école que dans les autres pays“. Pourtant, considère-t-il également, il existe un lien “intuitif“ d'une corrélation entre bien-être des enseignants et des élèves. Une enquête britannique sur tous les enfants de la région de Bristol aurait d'ailleurs démontré l'importance dans la transmission du bien-être entre le professeur et son élève, avec un effet à long terme sur les compétences cognitives et non-cognitives, les enseignants seraient même plus efficaces sur ces dernières, avec un effet sur la probabilité de fumer, d'être en bonne santé, etc...
A noter le programme de recherche interventionnelle Alliance sur la promotion de la santé à l'école primaire. Il s'agit de développer un environnement favorable à la promotion de la santé dans des établissements de la région lyonnaise : réaménagement de la cour de récré, gestion des émotions, alimentation, activité physiques... Les résultats intermédiaires seraient “encourageants“, les écoles et communes auraient largement adhéré au programme malgré son caractère injonctif (choix fait par tirage au sort), une amélioration aurait été notée concernant la légitimité perçue de la thématique et une dynamique collective de travail commencerait à se mettre en place.