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Peut-on intégrer des artistes aux équipes pédagogiques ? (A. Filippetti)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 27 mars 2013.

 

Aurélie Filippetti, des élèves du lycée d'Alembert et le photographe professionnel qui a encadré leur travail

"Il faut passer de la conception restreinte des equipes pédaogiques à des équipes élargies, qui mobiliseraient des acteurs qui n'ont pas le même regard." Dans le cadre du "tour de France de l'éducation artisitique et culturelle" mené par Aurélie Filippetti, Pierre Bodenant, délégué académique à la formation initiale et continue au Rectorat de Paris, affirme que l'Ecole aurait tout intérêt à accueillir plus souvent des intervenants extérieurs, comme des artistes, pour encadrer certains projets pédagogiques. "Il faut davantage faciliter la venue d'artistes dans les établissements scolaires", a confirmé Aurélie Filippetti à ToutEduc. Elle affirme "travailler avec Vincent Peillon" sur le sujet, notamment grâce aux "conseils régionaux d'éducation artistique et culturelle".

Le 25 mars, la ministre de la Culture et de la Communication faisait étape au lycée professionnel d'Alembert, dans le 19e arrondissement. Des élèves de 2de formés aux métiers du cuir y avaient monté un projet artistique autour du thème "le geste dans l'espace public", en collaboration avec la plate-forme pédagogique du BAL "La Fabrique du regard".

Si l'enseignante qui a lancé ce projet, Mme Pauhyer, reconnaît qu'il est difficile de "concilier l'éducation artistique avec le contrat de programme", elle ne regrette pas pour autant d'avoir "consacré une vingtaine d'heures de cours" à cette expérience. "Au niveau pédagogique, ce n'est que du bonheur !" Ses élèves ont ainsi eu l'occasion de traiter certains aspects du programme, comme la question de l'image et de l'information, dans un cadre ludique qui les a "motivés et responsabilisés".

L'artiste n'est pas un enseignant

L'implication des élèves dans ce projet est lié à la présence de Julien, photographe professionnel passé par l'agence de graphisme "white paper studio", à leurs côtés. "La possibilite de travailler avec un artiste, un professionnel, a changé la dimension du projet", reconnaît Mme Pauhyer. Ces interventions extérieures font généralement consensus. Les déplacements d'artistes dans les établissements scolaires sont pourtant difficiles à mettre en place. "Il y a un vrai problème de moyens", selon l'enseignante en lettres-histoire. Au-delà des difficultés de financement des établissements, c'est le statut même des intervenants qui fait problème.

Les artistes affiliés au régime des travailleurs indépendants, comme Julien, n'ont "pas de problème particulier pour intervenir dans le cadre scolaire". Julien était ainsi sous contrat avec le BAL, qui l'a ensuite fait participer aux opérations de sa plate-forme pédagogique. Le cas des intermittents du spectacle est plus compliqué. Ils doivent accomplir 507h de prestations pour pouvoir accéder à leurs droits, et leurs interventions dans les établissements scolaires ne peuvent pas toutes en faire partie, selon une décision de justice datant de 2011. Le rôle d'un artiste n'est pas d'enseigner, explique en substance le Tribunal de grande instance de Caen.

Réformes

Même dans le cadre d'un projet scolaire, l'artiste et l'enseignant ont deux rôles différents, soutient Mme Pauhyer. "Ce ne sont pas deux professeurs. L'enseignant est là pour transmettre un savoir. L'artiste ne prend pas sa place, il vient avec ses propres exigences." Elle n'aurait pas eu les compétences nécessaires pour mener le projet par elle-même, dit-elle. Elle approuve ainsi la position du Syndicat national des arts vivants, qui affirmait en mars 2011 que "les pratiques de partage de l'expérience artistique ne peuvent se faire que par les artistes".

Début mars, le collectif "pour l'éducation, par l'art" a proposé de réformer le régime des intermittents et le statut des artistes pour leur permettre "d'être rétribués comme des acteurs de la transmission" (lire ToutEduc ici).

Pour Aurélie Filippetti, le statut d'intermittent, loin d'être un obstacle, aurait plutôt tendance à faciliter la venue des artistes des arts vivants dans les établissements. Sur leurs 507h de prestations, 55h peuvent être consacrées à des formations, précise la ministre, pour qui "le principal problème concerne plutôt les artistes plasticiens, qui ne bénéficient pas du statut d'intermittent".

Raphaël Groulez

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