Politiques en faveur de la jeunesse : “un manque encore prégnant de coordination interministérielle“ (COJ)
Paru dans Périscolaire le mercredi 25 septembre 2024.
“On note un manque encore prégnant de coordination interministérielle“ concernant les politiques menées en faveur de la jeunesse, estimait mercredi 25 septembre Marie Caillaud lors de son audition par la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale.
La présidente du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ), entité consultative indépendante placée auprès du Premier ministre, cite à ce titre le comité interministériel à la jeunesse (CIJ) qui, malgré des demandes répétées, “n'a pas été réuni depuis 2015“ alors qu'il “est un prérequis essentiel pour avoir des politiques de jeunesse davantage intégrées“.
Dialogue
Elle déplore d'ailleurs que le CNR Jeunesse (Conseil national de la refondation, actif de fin 2022 à juin 2023, ndlr) “a pu laisser penser“ qu'il provoquerait cette réunion du CIJ, “mais ça n'a pas abouti“. Un CNR jeunesse qui n'a pas fonctionné à force de “vouloir à tout prix des mesures concrètes“, c'est à dire “qui soient communicantes, parlantes et facilement compréhensibles“, alors que “les politiques de jeunesse sont complexes, il faut l'accepter et accepter la nécessité de porter un regard global, on ne peut pas les formuler en dehors d'un cadre transversal“.
Ce déficit de concertation, elle le constate “à la fois entre l'Etat et les collectivités territoriales, mais aussi au sein de chaque département ministériel ou entre chaque collectivités territoriales“, aboutissant à un manque de dialogue avec les acteurs de terrain (notamment le secteur associatif et les organisations de jeunesse) qui ne sont “pas véritablement associés aux dispositifs mis en place“.
SNU
Etant chargé de “contribuer à l'évaluation et coordination des politiques publiques en matière de jeunesse, d'insertion des jeunes et d'éducation populaire“, la présidente du COJ a été plusieurs fois interrogée par les députés sur le Service national Universel (SNU), notamment par la présidente de la commission qui souligne des “alertes de longue date“ en la matière, et des recommandations “qui ne sont pas toujours suivies par les responsables politiques“.
“Est-ce que le SNU participe à l'engagement des jeunes, je ne suis pas sûre“ considère ainsi Marie Caillaud alors que cinq rapports ont déjà été produits sur le dispositif. D'ailleurs, celui-ci, “toujours défini par la négative“, reste difficile à qualifier, en premier lieu par les jeunes qui le trouvent “trop“ ou “pas assez“ militaire. Au sein du COJ, le SNU semble également faire débat, poursuit-elle, aussi “s'il est mis en place de toute façon, autant intervenir pour que ce soit intéressant sur certains aspects“.
Outre les points de vigilance concernant la mixité des publics accueillis et les moyens nécessaires au déploiement généralisé du SNU, sont évoquées des recommandations concernant la gouvernance, associations comme élus et représentants des collectivités territoriales souhaitant y être “davantage associés“. La “concurrence toujours existante avec le service civique“ invite de même à penser l'articulation avec d'autres types d'engagement. Ainsi l'idée pourrait aussi être, par ce biais, de repositionner le BAFA en tant qu'outil d'engagement : “quand on l'a passé, potentiellement on a réalisé son SNU, c'est terminé on n'en parle plus“, propose-t-elle.
Education populaire
Il faut dire que question valeurs et ambition du SNU, “on peut y retrouver la définition de l'Education populaire“, assure de son côté Anne Carayon (en charge de la commission idoine), qui souligne, pour cette dernière, le rôle d'apprentissage à tous les âges de la vie dans un objectif d'émancipation des citoyens. Elle souhaiterait un travail législatif pour lui donner une “définition propre“ afin de lui assurer une “première reconnaissance“, puis de consacrer son rôle éducatif en l'inscrivant dans une politique publique, dans le but d'offrir la possibilité de faire agir toute la communauté éducative “ensemble“.
Insertion
Enfin, les politiques de jeunesse en matière d'insertion devraient être davantage articulées avec d'autres politiques qui leur sont dédiées, d'autant que le cumul de dispositifs n'est “pas toujours pertinent“, complète la présidente du COJ, alors que l'ouverture de droits universels constituerait “un avantage conséquent pour les jeunes“. Marie Cayaux alerte encore sur des réductions budgétaires avec des “situations de Stop and Go qui sont fragilisantes pour les acteurs de l'insertion et précarisent les jeunes“ : “Il faut qu'on arrive, en matière de perception des politiques de jeunesse, à se dire que ce n'est pas un coût pour la société mais un investissement social“.
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