L'Assurance Maladie souligne l'alarmante progression de la consommation d'antidépresseurs chez les 12-25 ans (rapport)
Paru dans Périscolaire le mardi 13 août 2024.
Entre 2015 et 2023, il y a eu “une évolution préoccupante de la consommation de médicaments psychotropes“ chez les 12-25 ans, constate l'Assurance Maladie dans son rapport annuel sur l'évolution des Charges et Produits publié le 19 juillet.
Parmi les nombreuses données de remboursement présentées dans le document, il est ainsi question de près de 144 000 adolescents et jeunes adultes supplémentaires pris en charge avec des psychotropes depuis la crise sanitaire, soit 18 % de plus en 4 ans, alors que ce taux était en légère baisse entre 2015 et 2019.
Au total, ce sont 936 000 jeunes qui ont perçu au moins un remboursement de psychotrope durant l’année dernière : 624 000 étaient traités par anxiolytiques et 384 000 via des antidépresseurs. Le rapport indique que ces derniers “ont connu une progression très importante“, + 60 % entre 2019 et 2023, soit 143 600 jeunes en plus. Dès lors, “les remboursements associés ont augmenté parallèlement de +68 % (9,1M€ en 2023)“. Ainsi en 2023, 33 jeunes sur 1 000 sont traités par antidépresseurs, en très grande majorité de sexe féminin (71 %).
Autre fait signalé, l’augmentation du nombre de jeunes sous antipsychotiques qui mérite “une surveillance particulière“, en raison d'une augmentation régulière avant 2020 (de +2 à +5 %) et qui s'accélère par la suite (+ 38 % entre 2019 et 2023), particulièrement chez les 16-19 ans (+43 %) et notamment les filles (+ 91 %).
Les pistes avancées par l'assurance Maladie, dans ses 30 propositions visant à freiner les dépenses et économiser 1,56Md€ en 2025, consistent notamment à améliorer le bon usage des psychotropes, par “le renforcement du dispositif de formation continue proposé aux médecins généralistes“. Est également préconisé d' “accentuer l’effort de repérage des troubles psychiques chez les jeunes en doublant et diversifiant les effectifs formés au secours en santé mentale (SSM) et en développant un module de SSM en milieu de travail ou encore un “renforcement“ de l’offre de soins en santé mentale. Si les évolutions du dispositif Mon Soutien Psy sont en cours de mise en œuvre, ce dernier “pourrait être renforcé, grâce à un cadrage de la séance et de sa durée, et avec la mise en place de mécanismes favorisant les échanges entre professionnels de santé pour les indications plus sévères.“ Est enfin évoquée “la mise en place d'une forme de ‘conférence de consensus‘ avec les différents acteurs clés pour construire un plan ambitieux“ en matière de santé mentale.
A noter qu'il est proposé, pour les enfants relevant de la Protection de l’enfance (ASE), de leur permettre “de bénéficier d’un accompagnement spécifique pour (leur) santé somatique et psychique en établissant, dans chaque département, une entité (..) en soutien sur les volets sanitaire et médico-social afin d’effectuer les bilans de santé somatiques et psychiques, d’évaluer et de suivre les besoins de chaque enfant, et de coordonner une prise en charge adaptée et graduée impliquant les professionnels de ville.“
Le rapport ici