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Comportement électoral des jeunes : pourquoi tant d'abstentions ?

Paru dans Périscolaire le vendredi 06 mars 2020.

A deux semaines des élections municipales, l’ANACEJ (Association Nationale des Conseils d'enfants et de Jeunes) et le Forum Français de la Jeunesse en partenariat avec l’Association des Maires de France ont publié leur étude sur le comportement électoral des 18 à 25 ans réalisée auprès de 1 195 jeunes. Le taux de participation serait de 33%.

Pour Simon Berger, chargé d’accompagnement des collectivités et de communication de l’ANACEJ, "ce résultat n’est pas surprenant. Nous constatons une baisse depuis 2011, date à laquelle nous avons lancé l’Observatoire." Simon Berger précise que "les dernières réponses au sondage ont été données il y a une semaine et demie. Ils ne savaient peut-être pas encore ce qu’ils comptaient faire. Dans tous les cas, c’est une baisse considérable. C’est même un peu plus que pour les Européennes. Pour autant, pour les jeunes interrogés, il s’agit d’une élection bien identifiée mais peu fédératrice." Il ajoute toutefois : "Comme pour les adultes, le maire reste le représentant de l’Etat le plus apprécié, car il serait à l’écoute des citoyens."

L’étude met en avant les raisons pour lesquelles les 18-25 ans n’iraient pas voter : 26% parce qu’ils sont en week-end ou en déplacement, 22% parce que ces élections ne changeront rien à la situation, 19% parce qu’aucune liste ne défend ou représente leurs idées ou encore pour 15% parce que ces élections ne changeront rien à la société.

Pour Simon Berger, "les raisons évoquées sont là aussi un miroir du monde adulte. Il s’agirait même d’un miroir un peu grossissant. Les jeunes ont les mêmes comportements que leurs aînés de manière exacerbée. Cela n’est pas encourageant pour l’avenir. La vraie surprise de ce sondage est, en effet, l’état d’esprit de nos 18-25 ans. En 2016, ils étaient révoltés. Aujourd’hui, ils sont résignés voire indifférents. Ils ont essayé de jouer collectif. Ils ont le sentiment que ça n’a pas marché et qu’ils n’ont pas été écoutés par les pouvoirs publics. Toutefois, nous faisons face à un paradoxe, 1 jeune sur 2 se sentirait bien. Et quand ça se passe bien pour soi, l’individualisme est la voie choisie. C’est là où nous mettons le signal d’alarme."

Pour Anthony Ikni, délégué général du Forum Français de la Jeunesse, "pour éviter l’abstention, la loi électorale devrait être plus flexible pour booster le vote des jeunes. Il serait possible d’envisager une inscription sur les listes électorales 10 jours avant le vote, le vote par correspondance, le vote électronique pour éviter la demande de procuration qui effraie un peu les jeunes. De plus, dans le cadre des élections municipales, les jeunes se plaignent de ne pas bien connaître les compétences des mairies. En général, il y a un fossé entre la jeunesse et la politique qui entraîne un détournement vers d’autres forces d’engagement."

Pour information, le Forum est un réseau d’organisations de jeunes gérés par des jeunes. Il représente 18 organisations diverses (Union Nationale Lycéenne, Union Nationale des Etudiants de France, le Mouvement des Jeunes Communistes, le Mouvement des Jeunes Socialistes, les Jeunes Européens de France, le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne… ici) qui selon Anthony Ikni, "ont ressenti le besoin de s’autofédérer pour porter une parole construite des jeunes." Concernant les élections municipales, Anthony Ikni met en avant le travail fait pour cette occasion sous forme de 30 propositions sur les thématiques que sont l’environnement, le logement, les engagements et les mobilités. "Ces propositions représentent les priorités à défendre dans toutes les municipalités pour que la jeunesse se réintéresse à la politique." (Voir ici)

Pour répondre à ces objectifs, l’étude elle-même de l’Observatoire du Comportement Electoral des Jeunes estiment les leviers du vote des jeunes. Pour 81%, est évoqué le devoir de voter. Pour 79%, la présence des idées de la jeunesse dans les programmes serait une bonne chose. 67% mentionnent la prise en compte du vote blanc. 47% seraient reconnaissants d’avoir une tête de liste de moins de 30 ans. Toujours, selon l’étude, quelques mesure susceptibles de faire voter les jeunes pourraient être mises en place : pour 81%, la gratuité des transports publics, pour 80%, la limitation des pesticides, pour 79%, la réservation d’une part des logements aidés pour les moins de 30 ans ou pour 72%, le développement de la restauration collective bio et locale.

Les résultats complets ici, les travaux de Michael Bruter (London School of Economics) recommandés par Simon Berger ici

Hélène Cénat

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