Périscolaire » Actualité

Parlement libre des jeunes : pour faire remonter la parole des moins de trente ans (reportage)

Paru dans Périscolaire, Orientation le dimanche 26 novembre 2017.

Ils sont étudiants, intérimaires, réfugiés, demandeurs d’emploi, apprentis… Leur point commun : être âgé de moins de trente ans. Le 11 novembre près de Grenoble, ils étaient environ 90 à participer à un Parlement des jeunes organisé par l’association Aequitaz 

Pia a entendu parler du Parlement libre des jeunes dans le foyer de jeunes travailleurs où elle loge, à Annecy. "Cela va peut-être m’aider à mieux comprendre les jeunes qui sont dans la résidence" explique cette étudiante, participant au Parlement des jeunes organisé à Monetier (Isère) le week-end du 11 novembre. Maeva est venue avec plusieurs autres animateurs qui travaillent, comme elle, au sein des maisons de quartier de Saint-Priest, dans la périphérie lyonnaise. "Une occasion de se faire entendre" espère-t-elle. Mohamed est en BTS automatisme à Annonay. Il avoue qu’il n’avait "pas très envie de venir", mais Mickael Makhlouf, animateur jeunesse de son quartier l’a convaincu de participer avec cinq autres jeunes Ardéchois. "C’est compliqué de les emmener sur ce type de réunion. Ils ont peur d’être différents des autres. Mais à terme, ça paye, ils voient qu’ils peuvent agir, et parfois, ils montent même des projets" relève l’animateur.

Différents milieux

Ces deux jours d’ateliers et débats sont organisés par l’association Aequitaz, avec l’appui de plusieurs autres structures, dont le réseau des MJC, celui des centres sociaux, ainsi que les Cités d’or. Aequitaz se décrit comme un collectif "sans domicile fixe qui vise à développer les aspirations à des mondes plus justes et le pouvoir d’agir de citoyens confrontés à un sentiment d’impuissance politique". Mélanie Rousset, déléguée générale adjointe à la fédération des centres sociaux de Rhône-Alpes défend le parlement comme "un espace où des jeunes peuvent parler politique, imaginer des solutions ensemble. Il n’est pas si fréquent qu’ils puissent, en étant de différents milieux se rencontrer et échanger sur la façon d’être acteurs".

Pendant ce week-end de vie collective, environ 85 "moins de trente ans" sont invités à des discussions dont ils définissent les thèmes à leur arrivée. Ces débats sont cadrés par des animateurs : la guerre, l’environnement, l’emploi, la formation, le racisme, l’école… "Les ateliers sont destinés à analyser les causes de problèmes, creuser et à la fin faire des propositions de changement" précise Manu Bodinier, l’un des responsables d’Aequitaz. On y entend en effet des paroles plus proches des réalités vécues par les jeunes que celles qui circulent habituellement. Dans le groupe "égalité à l’école et pour la formation" par exemple, où sont rassemblés des étudiants, un compagnon du Tour de France, un intérimaire… Ici, il est surtout question du coût des écoles, du piston nécessaire pour trouver des stages, du sentiment d’être livré à soi-même pendant les stages, du prix des loyers ou du temps des transports qui bloquent certains, comme en témoigne Sofiane. "J’aurai 20 ans au mois de janvier et je n’arrive pas à trouver de financement pour continuer à étudier ; mes parents ne suivent plus". A l’issue du débat, Pierre, 18 ans, se dit "plus chanceux que les autres". "Mes parents pouvaient assurer les deux années à 4500 euros. Maintenant je suis compagnon ébéniste, je gagne 55% du SMIG".

Du JE à un NOUS

Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement de Lyon élue sous l’étiquette Gram (gauche alternative) est venue assister aux ateliers. Elle explique sa présence : "je constate que très peu de jeunes sont impliqués dans la vie citoyenne et politique. Comment faire remonter cette parole-là ?" L’échange est réciproque. "Chaque parlement invite des personnalités engagées dans des institutions, qui viennent témoigner de leur expérience" précise Manu Bodinier. "Il n’y a plus de lieux pour discuter de ce qu’on est, de ce qu’on rêve. Plus d’endroit où on peut se rendre compte que d’autres jeunes vivent d’autres choses. Après, il ne suffit pas d’être en contact pour atténuer des préjugés et le principe consiste donc à les pousser à s’exprimer (…) L’objectif consiste à les faire passer d’un Je à un Nous plutôt que d'un Je à un Eux" résume-t-il.

Pour cette édition 2017, différentes propositions ont émergé des ateliers : valoriser la réaction des proches face à une situation de sexisme ou de harcèlement, faire du lobbying auprès de députés pour un revenu étudiants, créer une vidéo virale sur les réseaux sociaux pour informer sur les aides et les droits au logement… Ils ont présenté ces propositions, et d’autres. "A la suite de cela, on regarde les priorités et qui peut s’investir pour les faire avancer" résume le responsable d’Aequitaz.

 

 

 

Muriel Florin

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →