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Vie associative : le Premier ministre lance un "plan de développement", les associations inquiètes

Paru dans Périscolaire le jeudi 09 novembre 2017.

Accompagné par Jean-Michel Blanquer et Nicolas Hulot, le Premier ministre a présenté jeudi 9 novembre "le plan de développement du gouvernement pour la vie associative" lors d’une rencontre avec différentes associations sur le site des Grands Voisins à Paris, en partie ouverte à la presse. Après les interventions de plusieurs responsables d’associations très remontés contre la réduction du nombre de contrats aidés, Edouard Philippe a rappelé les mesures financières prises par le gouvernement dans le cadre du PLF et du PLFSS (projets de loi de finances et PLF pour la Sécurité sociale) pour "accompagner les associations qui font face à des mutations importantes".

Selon Edouard Philippe, le gouvernement souhaite "renforcer l’insertion des personnes" et "favoriser la création d’emplois durable dans les associations" en "privilégiant des dispositifs pérennes de soutien financier aux associations". Les associations de plus de 10 salariés pourront bénéficier de la baisse des cotisations patronales à partir de 2019. Le CITS (crédit d’impôt de taxe sur les salaires) sera lui maintenu en 2018 et 2019. "Redonner aux associations 1,4 milliard d’euros est tout sauf négligeable", a souligné Edouard Philippe.

Pour les plus petites associations qui ne perçoivent pas ces crédits, le gouvernement a annoncé le 2 novembre dernier "un financement supplémentaire de 25 millions d’euros pour compenser la fin de la réserve parlementaire qui bénéficiaient à de nombreuses associations".

150 000 services civiques en 2018

Par ailleurs, "les crédits en faveur des associations augmenteront de près de 10% en 2018 et atteindront 67,6 millions d’euros", a insisté le Premier ministre, ajoutant que 150 000 services civiques seraient financés en l'an prochain.

Outre les mesures financières, le Premier ministre a notamment annoncé l’instauration chaque année d’une semaine nationale de l’engagement "pour favoriser une meilleure reconnaissance du bénévolat". Edouard Philippe a promis également de travailler à l’élaboration d’un nouveau contrat entre l’Etat, les collectivités territoriales et le monde associatif, tout en se disant "conscient des limites des engagements à portée institutionnelle". "Nous attendons vos propositions. Je sais qu’elles seront très nombreuses. Il faudra en faire la synthèse. Le Haut Conseil à la vie associative proposera alors un plan d’action", a indiqué le Premier ministre.

Un "manque de reconnaissance" pour les associations

La question épineuse des contrats aidés est revenue à de nombreuses reprises lors des échanges. "Des gouvernements précédents ont choisi d’y recourir massivement. C’est un choix gouvernemental qui vous a engagés. Je ne dis pas que vous avez eu tort de prendre ces contrats que l’Etat vous proposait. Mais on peut maintenant s’interroger sur l’efficacité et sur le coût de cet instrument", a affirmé Edouard Philippe, s’adressant aux représentants des associations.

Le Premier ministre s’est défendu de vouloir faire disparaître ce dispositif. "Il y a certes une réduction mais il n’y a pas de suppression des contrats aidés", a martelé Edouard Philippe. "On recentre le dispositif, en direction des communes rurales, de l’Outre-mer et des associations qui travaillent sur des besoins prioritaires, comme le handicap en milieu scolaire ou l’urgence sanitaire et sociale".

Une position qui n’a pas convaincu les représentants des associations présentes lors de cette rencontre. Philippe Jahshan, président du Mouvement associatif, a interpellé le Premier ministre, soulignant la "brutalité" de cette décision "très mal vécue" par les associations. "Le monde associatif est dans l’incompréhension, dans la colère. Nous avons besoin d’être écoutés, d’être respectés. Nous demandons à avoir la confiance des pouvoirs publics. Mais votre action n’est pas à la hauteur des paroles que vous prononcez", regrette-t-il.

Les associations restent sur leur faim

A l’issue de la rencontre, Jean-Michel Blanquer a expliqué à Touteduc que la période actuelle était "une période de transition" et que l’objectif était de "passer à une nouvelle étape de la vie associative". Interrogé par Touteduc sur l’inquiétude des associations, le ministre de l’Education nationale, également responsable de la jeunesse et de la vie associative, a dit "comprendre les problèmes concrets auxquels font face les associations". "Nous visons tous le même objectif : accroître le rôle des associations", a-t-il affirmé, insistant sur les "solutions budgétaires concrètes" apportées par le gouvernement.

Une vingtaine de membres de l’association Le Moulin à café attendaient Edouard Philippe à la sortie des Grands Voisins avec des pancartes fustigeant la baisse du nombre de contrats aidés. A leur côté, Carinne Petit, maire PS du 14ème arrondissement de Paris, a expliqué à Touteduc que pour elle il était "incompréhensible que le Premier ministre vienne ici pour faire des annonces alors que trois mois avant il avait pris une décision brutale qui a déjà des conséquences concrètes". Selon elle, le gouvernement n’était pas obligé de décider de la réduction du nombre de contrats aidés immédiatement. "Il pouvait attendre un an, le temps que les mesures compensatoires, qui d’ailleurs ne sont pas suffisantes, soient mises en place".

Une deuxième "journée noire des associations" est organisée demain 10 novembre par le CAC (Collectif des associations citoyennes) pour protester contre la baisse des contrats aidés, après une première journée de mobilisation le 18 octobre dernier.

Claire-Hélène Bouzgarrou

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