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Les jeunes issus de l'immigration militent aussi bien au niveau local qu'international (INJEP)

Paru dans Périscolaire le jeudi 26 janvier 2017.

"Le quotidien, le quartier, l’ordinaire peuvent aussi comporter des situations qui incitent à réagir dans l’espace transnational comme moyen de réponse à des offenses, des actes de racisme, de discrimination subis dans l’espace local." C’est ce que rapporte une publication de l'INJEP qui montre que, s’agissant des activités militantes des jeunes descendants de migrants, le débat public tend à opposer un engagement pour l’intégration dans le pays de résidence ou davantage concerné par le politique, le religieux et/ou le développement local dans les régions d’origine. Cette approche binaire et cloisonnante passe sous silence la réalité duale de nombreuses pratiques associatives de ces jeunes et minore leurs effets en termes de reconnaissance d’une citoyenneté non exclusive, cumulative et fondamentalement transnationale.

À la différence de leurs parents, en effet, le "transnationalisme" militant des enfants ne vise pas à conserver d’éventuels liens ou à en créer de nouveaux dans le pays d’origine mais, bien souvent, à consolider ceux existant en France, à l’échelle du quartier, avec des personnes qui subissent elles-mêmes un faisceau de discriminations, de stigmatisations et/ou de relégations dans le territoire de vie. Le champ transnational apparaît à la fois comme le lieu de reconnaissance mutuelle et de solidarité entre pairs, mais également comme le point de passage d’une "identité blessée" vers un nouvel horizon des possibles. Il s’agit alors de "garder la face" en affirmant défendre, entre autres, une appartenance qui vient se positionner comme acte de résistance. Cet engagement transnational en réaction se construit généralement de façon différente de celui des parents. Nés en France, ces jeunes semblent ressentir les situations de discrimination de façon nettement plus violente que leurs pères ou mères immigrés, dont le sentiment d’injustice quant aux discriminations subies pouvait être davantage intériorisé du fait de leur statut d’étranger.

Un ensemble cohérent, une porosité entre le local et l'international

Les jeunes rencontrés dans le cadre de l’étude pensent rarement les modalités de leurs actions militantes en opposant le territoire d’origine et celui du quartier. Ils les réinsèrent dans un ensemble cohérent où se mêlent des dimensions propres au territoire de l’histoire familiale et celles liées au territoire de vie. Les différentes activités d’engagement produites par les jeunes se situent précisément dans cette recherche de cohérence entre l’international et le quartier. C’est ce qu’illustre ce passage d’une interview d’un de ces jeunes : "J’ai toujours comparé ma situation discriminante en France à la discrimination de populations dans le monde qui vivent la même chose mais à un niveau international [ …] En fait, il faut trouver le juste milieu entre le quartier et l’international et défendre les droits des populations, que ce soit près de chez nous, dans nos immeubles, nos régions ou à l’international. Dans ce sens-là, pour moi, il n’y a plus de frontières."

Comme l'indique la publication de l'INJEP, cette porosité des frontières entretenue entre l’échelon local et l’échelon international semble également faciliter le cumul des sentiments d’appartenance entre le territoire d’origine et celui de résidence. Elle permet à ces jeunes de découpler la citoyenneté de son enracinement national et de l’emmener vers des horizons "cosmopolitiques" qui associent la reconnaissance de la diversité et l'impératif d’actions communes. Le cosmopolitisme se présente comme "le fait de vivre ici et maintenant (localement) avec le monde en tête, à la fois contexte et projection". La conclusion: l’enjeu scientifique tout autant que politique est alors de saisir la dimension créatrice d’un monde où les frontières sont davantage conçues, pour ces descendants de migrants, comme des lignes à traverser que comme des territoires à fractionner.

"Engagement transnational des descendants de migrants : carrières militantes et mémoire des origines" INJEP (ici)

Arnold Bac

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