Les ESPE sont-elles condamnées à l'échec ? (tribune dans Libération)
Paru dans Scolaire le samedi 27 septembre 2014.
Sous le titre "la formation des maîtres à la dérive", Philippe Berthuit (ESPE de Versailles), Anne-Marie Chartier (historienne de l'éducation), Benoît Falaise (historien de l'éducation), Philippe Joutard (ancien recteur) et Philippe Meirieu (pédagogue) s'inquiètent: "les personnes en formation ne font jamais, ensuite, ce qu'on leur a dit de faire, mais ce qu'on a fait avec elle, en l'occurrence n'importe quoi !" C'est donc l'école, et notamment l'école primaire de demain, qui est menacée de délitement et de privatisation.
Pour les signataires de cette tribune publiée dans Libération hier 26 septembre, les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) ne tiennent pas leurs promesses. Leur création "déçoit tous les acteurs". C'est que "nous assistons à une séparation radicale entre, d'une part, les tâches d'enseignement - qui relèvent des universités - et d'autre part, les tâches de recrutement, de mise en stage, d'évaluation et de gestion des personnels qui relèvent, elles, des rectorats. La juxtaposition est devenue la règle : on ne 'forme' plus nos instituteurs, on les 'enseigne' d'un côté et on les 'manage' de l'autre." Et les auteurs dénoncent un puzzle où "rien ni personne ne peut faire le lien entre les différents moments d'une même formation" et où "la réflexion sur le sens n'est nulle part".
Pour eux, "il est temps de construire un 'cursus' de formation des enseignants, unifié, aux modalités cohérentes avec l'Ecole que nous voulons".