P. Frackowiak pourfend la notion de "bonnes pratiques" en éducation
Paru dans Scolaire le lundi 05 janvier 2015.
"On ne mesure pas la dangerosité de l’usage du concept de 'bonnes pratiques' (...) qui fait l’impasse sur les finalités, l’éthique, l’engagement politique" des acteurs du système éducatif, écrit Pierre Frackowiak dans une tribune publiée sur le site de Philippe Meirieu. L'ancien inspecteur sait bien qu'un enseignant à qui on donne des exemples de bonnes pratiques dit à son supérieur hiérarchique "c’est super. On va essayer", mais pense en réalité "cause toujours, tu m’intéresses". C'est qu'un enseignant "n’est pas un robot qui exécute les consignes d’un contremaître" mais un individu qui conçoit sa pratique pédagogique à partir d' "une synthèse complexe et aléatoire de représentations, d’opinions, de convictions personnelles (politiques, philosophiques), d’histoire personnelle (notamment le rapport à l’école en tant qu’élève), d’émotions, de plaisirs, d’angoisses, de craintes, de rencontres (...)". S'y ajoute le poids d'une institution qui ne favorise pas l'innovation.
Pierre Frackowiak propose donc... de refonder l'école. Pour lui, les mesures prises par V. Peillon et ses deux successeurs sont insuffisantes, "la refondation est à peine amorcée". Il faudrait notamment "faire confiance aux enseignants au lieu de (les) juger", faire "le pari de l’intelligence plutôt que celui de la soumission", "refonder complètement la formation initiale des enseignants et, bien plus encore , la formation continue", "donner "une place réelle (...) aux mouvements pédagogiques", et procéder donc à toute une série de "ruptures nécessaires"
La tribune "La refondation et l ’anesthésie par les bonnes pratiques" est téléchargeable sur le site de P. Meirieu, ici