Quand la violence des jeunes se retourne contre eux, un suicide sans parole (récit d'éducateur)
Paru dans Périscolaire, Justice, Orientation le lundi 12 septembre 2011.
Franck, 18 ans, s'est suicidé, et pour l'éducateur de rue qui le suivait, cet acte "nous rappelle que toutes les violences des jeunes en situation de 'marginalité avancée' ne sont pas forcément dirigées vers l’extérieur sous formes d’actes de délinquance ou de violences urbaines". Il faisait partie d'un groupe de "jeunes à problèmes squattant un hall d’immeuble", "bien connus" des services de polices. "Déscolarisé depuis le collège, en quatrième, sans réel perspective, ni désir professionnel", il avait adhéré à un "projet de service civique" et transmettait ses connaissances de "mécanicien vélo" à des jeunes du quartier. Mais il refusait de s'engager dans une formation, "à quoi bon?".
Resté plusieurs jours dans le coma, il était hospitalisé à 40 km de chez lui, et les jeunes du quartier se sont relayé à son chevet, "s'organisant pour effectuer des navettes entre les deux villes", quitte à tricher avec leurs bracelets électroniques.
"En écho à la misère économique et sociale de ce quartier, de manière sporadique des actes de délinquance ('violences urbaines' pour la police) sont commis. Le reste du temps, les conflits et la rage accumulés demeurent larvés, vécus de manière individuelle. Les supports d’expression deviennent de plus en plus rares pour ces jeunes dont les violences les plus insidieuses sont vécues au quotidien de manière intime."
Le récite de cet éducateur est sur le site de Laurent Mucchielli, ici.