Lutte contre le décrochage : des dispositifs multidimensionnels (dossier de l'IFé)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le lundi 13 mai 2013.
Mots clés : IFE, décrochage, Thibert
"La lutte contre le décrochage se doit de commencer bien avant le moment où l’élève décroche car la rupture ne fait que révéler des dysfonctionnements ou des problèmes antérieurs. Certaines causes sont plus importantes que d’autres, notamment l’intériorisation précoce de l’échec, la souffrance scolaire qui s’aggrave au collège, l’orientation subie...". Le dossier de mai 2013 de l'institut français de l'éducation (IFé), réalisé par Rémi Thibert, recense la diversité des approches et des dispositifs existants. Il fait suite à une précédente synthèse d'Annie Feyfant sur la prévention précoce du décrochage (voir ToutEduc ici).
Il présente les écoles de la deuxième chance, des pistes pédagogiques comme "la bienveillance, le décloisonnement des disciplines et l'approche épistemologique des enseignements", rappelle l'efficacité de la pédagogie Freinet. Il cite aussi "deux instruments de prévention qui ont fait leurs preuves : un guide 'Clés pour l'adolescence' publié en Suisse (...) qui sert au moment de la transition entre le primaire et le secondaire, suivi d'un autre guide 'Clés pour l'action'. 'Les petits pas' au Canada est un guide d'intervention pour prévenir le décrochage à l'occasion du passage dans le secondaire." Il cite également les établissements scolaires publics innovants, récemment créés en France.
Un chiffrage discutable
Remy Thibert revient sur les chiffres du décrochage en Europe : le taux de sorties précoces du système scolaire de la plupart des pays se situe entre 10% et 20% (moyenne autour de 13,5 %), avec l’Espagne et le Portugal à plus de 20 % et entre 4,5% et 6,5% pour la Slovénie, la Slovaquie, la République Tchèque, la Pologne et la Lituanie. La France se situe à un niveau moyen, aux alentours de 12%. Mais "il est difficile de connaître avec précision le nombre d'élèves en situation de décrochage" et "les déchiffreurs (voir ToutEduc ici) estiment que les chiffres du ministère sont incohérents et recueillis de manière discutable et préfèrent les chiffres de l'INSEE".
Le dossier présente les différentes typologies existantes des décrocheurs : la typologie de Kronik et Hargis (1990), celle de Janosz, celle de Fortin, notamment. Il en ressort que les causes du décrochage "sont résolument multifactorielles, les principales variables étant le climat scolaire, les comportements agressifs, la dépression, le déficit d’attention (...) et le fonctionnement familial." Les décrocheurs sont en général des élèves "repérés par l’institution, d’origine sociale modeste et caractérisés par une précarité des conditions d’existence et par des difficultés dans les premiers apprentissages". Cependant, "de plus en plus de jeunes issus de milieux favorisés décrochent."
Citant les travaux de Catherine Blaya, le dossier note qu'"une intervention efficace est multidimensionnelle et tient compte des différents contextes des jeunes sur les plans personnel, familial et scolaire." Et de donner une liste des règles dont doivent tenir compte les programmes de prévention. Selon le dossier, les programmes de lutte contre le décrochage oscillent entre prévention et réparation. "Les travaux européens sur les sorties précoces du système scolaire distinguent une troisième étape intermédiaire qui est celle de l’intervention. La tendance dans tous les pays est de favoriser les actions de prévention (et d’intervention) plutôt que les actions de réparation dont le coût est beaucoup plus élevé et les résultats peu satisfaisants."
Télécharger le dossier de mai de l'Ifé intitulé "Le décrochage scolaire: diversité des approches, diversité des dispositifs" ici