L'école française résiste-t-elle à l'épreuve des comparaisons internationales?
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 17 mars 2009.
A l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage, L'élitisme républicain: l'école française à l'épreuve des comparaisons internationales, Roger Establet a accordé un entretien à Educpros.fr, le site de L'Etudiant destiné aux professionnels de l'éducation. Il se livre à une analyse des résultats de l'enquête internationale PISA, qui selon lui n'ont rien de rassurant pour notre système éducatif: comparées aux autres pays, la France détient le record des inégalités sociales et compte un grand nombre d'élèves très faibles.
Mais la bonne nouvelle, pour Roger Establet, c'est que « contrairement à ce qu’on entend souvent, la massification ne contribue pas à l’affaiblissement général du niveau. En effet, l’enquête PISA montre clairement que moins un pays a d’élèves en échec, plus son élite est brillante ». Et inversement: « quand Zidane était là, c’est toute l’équipe de France qui jouait mieux ». Roger Establet en déduit qu'il n'est pas bon de mettre à part les mauvais élèves, et donc que le redoublement est une mauvaise solution. De fait, c'est la France, où cette pratique est la plus répandue, qui compte le plus grand nombre d'élèves « en retard » à 15 ans. Mais cela prouve-t-il que le principe du redoublement est mauvais en soi, ou simplement qu'il est mal exploité?
Autre « archaïsme » propre à notre pays selon Roger Establet: les méthodes d'enseignement. « Au Canada qui obtient d’excellents résultats, les élèves passent leurs heures de cours non pas à écouter un cours, mais à faire des exercices. Et lorsqu’ils ne comprennent pas, ils viennent voir le professeur qui leur explique. C’est le fameux « learning by doing » expliqué par l’Américain John Dewey. En France, c’est l’inverse, les élèves écoutent le cours en classe, et font les exercices à la maison. »
Là encore, cela suffit-il à prouver que le cours qu'on écoute est en soi une mauvaise méthode?
Roger Establet et Christian Baudelot, L’élitisme républicain: l’école française à l’épreuve des comparaisons internationales, éditions du Seuil, 2009, 10,50 €.