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Quels sont les jeunes qui habitent en foyer de jeunes travailleurs ? (INJEP)

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 23 mars 2022.

Pour les jeunes inscrits en foyer de jeunes travailleurs, “accéder à un logement autonome relève du parcours du combattant, l’offre immobilière actuelle étant limitée au regard des ressources économiques et sociales dont ils disposent“, explique l'INJEP dans sa dernière étude.

Coup de pouce et urgence sociale

Pour Claudia par exemple, le foyer constitue un “coup de pouce“ et apporte un soutien pour sécuriser la situation résidentielle. En effet, “de nationalité étrangère, sans réseau social à Paris, cette jeune femme de 26 ans éprouve des difficultés à se loger dans la capitale car elle est en période d’essai d’une durée de plusieurs mois, une situation socioprofessionnelle qui ne suffit pas pour apporter les garanties nécessaires aux agences immobilières malgré un salaire net mensuel de plus de 2 000 euros.“ Le foyer pour jeunes travailleurs est un bon plan qui lui permet d'obtenir un logement à moindre coût dans un marché immobilier saturé.

Pour d'autres jeunes plus précaires, en revanche, le FJT (foyer de jeunes travailleurs) permet de faire face à une “situation d’urgence“, car il sécurise en partie et momentanément leurs conditions de vie en leur pemettant d'accéder à un logement "à soi". Ces profils regroupent les jeunes faiblement ou pas diplômés, en rupture familiale, ayant des problèmes de santé et/ou ayant un ou des enfants à charge. On y retrouve également une partie des ex-mineurs non accompagnés, qui ont été pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance jusqu’à leur majorité. La relative faiblesse des loyers pratiqués par les FJT leur permet de reverser une partie de leurs revenus à leur famille restée au pays. Cette "solidarité familiale inversée" est l’un des enjeux de la migration auquel s’ajoute l’espoir d’accéder à de meilleures conditions de vie.

Tension

Ressort ainsi de cette analyse “la difficulté pour les jeunes, qu’ils soient diplômés ou pas, de se confronter à une société de ‘plein chômage‘ et à un marché immobilier saturé“, d'où découle la “tension“ au sein des foyers de jeunes travailleurs, qui doivent réussir à assurer la “mixité“ des publics et un “brassage social“. Sont évoqués les professionnels qui dans ces structures, cherchent un “équilibre, parfois difficile à atteindre, entre la volonté d’héberger davantage de jeunes femmes, et celle d’accueillir des profils différents, au-delà des jeunes en emploi“.

Les foyers de jeunes travailleurs, au nombre de 45 000, fournissent un hébergement temporaire ainsi qu’un accompagnement socio-éducatif à des jeunes âgés de 16 à 30 ans qui ont une activité professionnelle ou sont en voie d’insertion sociale et professionnelle.

Le public hébergé en FJT est majoritairement âgé d’une vingtaine d’années (21 ans en moyenne), plutôt masculin (70 % environ), issu de cursus scolaires courts et professionnels. 23 % des jeunes avaient un niveau d’étude équivalent ou inférieur à un CAP/BEP lors de leur entrée en FJT. Les jeunes logés en FJT sont “majoritairement en emploi ou en formation, avec une présence importante d’apprentis“, ils détiennent des “ressources économiques modestes, avec en moyenne 774 € mensuels“, et la moitié d'entre eux vivaient chez un membre de leur famille avant d'y entrer.

La durée des séjours est hétérogène, elle est “souvent courte“ pour 58 % des jeunes qui sont restés en FJT moins de six mois, 20 % y restent entre six mois et un an quand 22 % des jeunes ont été hébergés pendant un an ou plus.

Profils variés

Même s'ils sont “issus principalement des classes populaires“, l'étude menée par l'INJEP fait état d'une grande diversité de profils chez les jeunes habitants les foyers de jeunes travailleurs, que plusieurs grands clivages fractionne.

Il y a tout d'abord la situation professionnelle des parents. De manière générale, ils exercent des métiers moyennement ou faiblement rémunérés, et certaines familles font face à un “basculement dans une condition précaire“. A l'inverse une petite partie des jeunes relate avoir des parents propriétaires ou des parents exerçant des emplois rémunérateurs et stables.

Le second clivage renvoie au rapport à l’école et au niveau de diplôme, avec un peu plus d’un tiers des jeunes enquêtés qui sont sortis du système scolaire sans diplôme ou avec un diplôme de niveau CAP/BEP, des jeunes en rupture scolaire qui “racontent leurs difficultés d’apprentissage et leur orientation subie ou déçue“. Certains des jeunes sont titulaires du baccalauréat général ou professionnel, eux “sont allés à l’université mais ils ont échoué, éprouvant des difficultés à gérer le temps universitaire et à se mettre au travail de manière autonome“. Il y a enfin de jeunes titulaires (ou en cours d’obtention) d’un BTS, d’une licence ou d’un master, inscrits au sein d’écoles privées ou d’écoles de commerce. Ils “se considèrent plutôt comme de bons élèves et en réussite“, et l'INJEP souligne “des rapports plus ou moins distanciés à l’institution et à la culture scolaires.“

Les parcours migratoires des jeunes logés en foyer sont enfin étudiés. Il y a d'un coté ceux qui sont arrivés dans le cadre d’un regroupement familial. Les jeunes arrivés légalement en France sont souvent en contact avec les membres de la famille déjà installés sur le territoire. De l'autre, il y a ceux arrivés illégalement, dont les voyages “ont un coût économique important au regard de leurs ressources et sont dans la plupart des cas financés par un ou des membres de la famille“. Pour ces derniers, “le renouvellement de leur titre de séjour (tous les ans) est source d’inquiétude et représente une épreuve administrative.“

L'enquête ici

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