Journée du refus de l'échec scolaire : impliquer davantage les associations (Fondation AlphaOméga)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mardi 21 septembre 2021.
"La prévention de l'échec scolaire suppose un triptyque Ecole - Parents - tiers éducatif qualifié", estime Elisabeth Elkrief, directrice générale de la Fondation AlphaOmega. Celle-ci, à l'occasion de la Journée du refus de l'échec scolaire organisée par l'AFEV ce 22 septembre, promeut plusieurs associations qui touchent déjà des milliers d'enfants et dont les modes d'action ont fait leurs preuves. Celles-ci interviennent à des moments charnière du parcours de l'élève.
Ce sont d'abord les clubs de l’association Coup de pouce, au moment des premiers apprentissages, grande section, CP, CE1. La fondation calcule : quelque 100 000 enfants sont en difficulté dès les premières années, les clubs "Coup de pouce" en touchent 10 %. Comment multiplier par cinq son impact et permettre à 50 % de ces enfants de "prendre goût aux apprentissages fondamentaux", donc d'éviter les "décrochages" précoces ?
Pendant les années de primaire et du collège, l'AFEV propose du mentorat à raison de 2 heures par semaine, par un étudiant qui fait figure de grand frère auprès du jeune mentoré, lequel peut donc s'identifier à quelqu'un qui est en voie de réussite. A 73 %, les jeunes affirment avoir "découvert leurs qualités et être plus fiers d'eux-mêmes".
"Energie jeunes" travaille également sur "l'envie d'apprendre" des collégiens avec des interventions dans des établissements "peu favorisés".
"Entreprendre Pour Apprendre" permet aux jeunes de créer des mini-entreprises, "du business plan à la commercialisation d'un produit". L'une d'elle a d'ailleurs vendu à un grand groupe une "paille écologique" pour accompagner les boissons de la marque... L'intervention de professionnels, 36 h dans une classe de 3ème, permet aux élèves de développer collectivement des compétences transversales et de réussir quelque chose dont ils soient fiers.
"Article 1" propose des outils d'aide à l'orientation, qui aident les jeunes à identifier leurs goûts ainsi que les possibilités qui leur sont ouvertes.
A côté de ces cinq associations qui interviennent directement auprès des enfants et des jeunes, la fondation soutient également l'action de SynLab qui donne aux enseignants des outils pour échanger sur leurs pratiques pédagogiques, ainsi que les écoles de la 2ème chance qui accompagnent des jeunes vers l‘insertion professionnelle après qu'ils ont décroché. Elle est également partenaire de l'UNML (Union nationale des missions locales).
Et à chaque fois elle se pose la même question. Comment leur permettre de démultiplier leur action ? C'est bien évidemment affaire de moyens et la fondation dispose à cet égard des revenus d'un capital constitué de dons et d'actions de mécénat. Mais changer d'échelle suppose également de nouvelles organisations managériales, de renforcer les équipes de direction, de mettre en place des systèmes de gestion et de mesure de la performance, spécialité de la Fondation, et pratique que l’on appelle la « venture philanthropy ». C'est à ce prix, estiment Maurice Tchenio son fondateur et Elisabeth Elkrief, que les associations pourront pleinement jouer leur rôle de "tiers de confiance". Pour eux, l'école est nécessaire mais elle ne suffit pas à assurer la réussite, la lutte contre le décrochage et l'échec scolaire suppose l'intervention d'associations et elle en a choisi sept qui ont une présence nationale et qui touchent déjà des milliers d'enfants et de jeunes, soit 10 % de leur cible à chaque moment charnière. La fondation pense que si 50% des enfants qui en ont besoin pouvaient bénéficier du service de ces grandes associations, on pourrait enfin parler d’égalité des chances.
Propos recueillis par P. Bouchard, relus par la Fondation