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28 % des jeunes de 18-24 ans insatisfaits de leur orientation scolaire (Institut Montaigne)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 03 février 2022.

“L’un des enseignements majeurs de cette enquête réside dans la mise en lumière du rôle que les femmes souhaitent dorénavant jouer dans l’évolution de la société“ constate l'institut Montaigne dans un rapport sur les 18-24 ans paru ce jeudi 3 février.

Ainsi, “les évolutions sociétales et politiques sont désormais davantage impulsées par des jeunes femmes, qui, en cela, se différencient davantage de leurs devancières que ne le font les jeunes hommes par rapport à leurs prédécesseurs.“ Les jeunes femmes ont “un goût plus prononcé pour la protestation, tout en respectant le cadre démocratique et en répudiant plus que les hommes la violence politique“, mais “face à ces formes de politique trop masculines, elles peinent à trouver leur place“. Elles sont de plus décrites “à l’avant garde sur beaucoup de questions politiques et sociétales et (sont) par ailleurs très sensibles aux questions des violences sexuelles, dont 28 % d’entre elles affirment avoir été victimes".

Enfin, 6 jeunes femmes sur 10 sont en désaccord avec l’idée selon laquelle les hommes et les femmes auront toujours des points de vue et des façons d’être différents du fait de leur sexe, contre 36 % de celles de la génération des parents et des Baby Boomers.

“La jeunesse française ne peut être comprise et appréhendée comme un groupe homogène“, indique en revanche l'institut Montaigne dont l'étude “fait clairement apparaître une pluralité de jeunesses“, comprenant des démocrates protestataires (39 % de la jeunesse), des désengagés (26 %), des révoltés (22 %) et enfin des intégrés transgressifs (13 %).

Et outre le sexe, un autre facteur tend à différencier les modalités d’engagement social et politique chez les jeunes de 18 à 24 ans, le capital culturel.

“L’inégalité culturelle, indiquent les auteurs de l'enquête, par rapport à l’engagement et à la participation à la vie sociale et politique est patente. Elle trace une forte ligne de clivage à l’intérieur de la jeunesse entre des jeunes à fort capital culturel hérité qui participent à la vie sociale et politique sous diverses formes, et des jeunes faiblement dotés qui s’en éloignent et sont plus souvent tentés, soit par un complet désengagement, soit par la violence et la radicalité.“ Ils ajoutent qu'il est possible, en précisant ne pas pouvoir le prouver en termes de résultats, “que la défiance grandissante à l’égard du système politique ait accentué ce clivage en éloignant plus radicalement les jeunes à faible bagage culturel de toute forme d’engagement alors que les jeunes mieux dotés n’ont pas renoncé à la protestation ou à la participation politique".

L’enquête “ne dresse pas un constat alarmant de l’état moral de la jeunesse française“ et le rapport précise que “les jeunes français se disent globalement heureux malgré les difficultés auxquelles ils sont confrontés“, elle donne le chiffre de 82 % des jeunes Français qui “se disent heureux“.

Pour les autres, l'institut Montaigne explique que “l’insatisfaction à l’égard des études est également un facteur important de mal-être : il y a un lien fort entre l’insatisfaction scolaire et le sentiment d’être malheureux. Capital culturel familial et rapport à la scolarité entendu dans toute sa complexité (réussite ou échec, satisfaction ou non de l’orientation) apparaissent donc comme deux éléments constitutifs de segmentation de la jeunesse qui se dégagent avec netteté de l’enquête.“

Par ailleurs, si la jeunesse française “est globalement satisfaite de l’engagement au quotidien de ses professeurs, le niveau de difficulté ressenti à l’égard de la poursuite des études est important (41 % en font état). Si ce sentiment est nécessairement lié aux effets de la crise sanitaire, il apparaît pour autant que le sentiment d’avoir été mal orienté dans sa scolarité constitue le facteur essentiel d’insatisfaction à l’égard de l’institution scolaire.“

28 % des jeunes sondés s’estiment insatisfaits de leur orientation scolaire, une situation qui “a des effets psychologiques beaucoup plus délétères chez les jeunes de faible niveau d’études et est un facteur décisif de mal-être chez beaucoup d’entre eux". Ce sentiment d’une mauvaise orientation “contribue à dévaluer aux yeux des jeunes l’utilité des études, et est d’autant plus marqué que leur niveau de formation est bas. Cette perception peut constituer un sérieux obstacle pour la réussite de toute tentative de remédiation scolaire des jeunes les plus en difficulté, après la fin de la scolarité initiale, ainsi qu’à la réussite d’une politique ambitieuse en faveur de la formation tout au long de la vie.“

Selon l'analyse de l'institut Montaigne, “il n’y a pas de fracture générationnelle sur les sujets de société au cœur des débats présidentiels“, beaucoup de préoccupations des jeunes de 18-24 ans sont partagées avec leurs parents et les Baby-Boomers “comme les violences faites aux femmes, le terrorisme et l’écologie“. Cependant, 64 % des jeunes interrogés “montrent des signes de désaffiliation politique (en ne se situant pas sur l’échelle gauche-droite ou en ne se sentant de proximité avec aucun parti) contre 40 % de la génération des parents et 36 % des Baby Boomers“, soit par méconnaissance, soit par désintérêt et peut-être aussi par rejet.

Dernier enseignement, le ressenti des difficultés des jeunes, “moins corrélé à leur origine sociale ou à leur localisation territoriale qu’à la situation financière de leurs parents, et notamment à la capacité de ces derniers à les aider matériellement.“

Enquête pilotée par Olivier Galland, sociologue spécialiste de la jeunesse et directeur de recherche émérite au CNRS, et Marc Lazar, professeur d'histoire et de sociologie politique à Sciences Po, réalisée par Harris Interactive au mois de septembre 2021 auprès de plus de 8 000 jeunes.

L'étude ici

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