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"Faut-il réformer les classes préparatoires?" (un débat des Cahiers français)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 06 septembre 2013.
Mots clés : prépas, Duru Bellat, Munier, grandes écoles, Cahiers français

"Faut-il réformer les classes préparatoires?" Deux articles de Marie Duru-Bellat (Observatoire sociologique du changement) "Une dualité difficile à défendre", et de Frédéric Munier (professeur d'histoire-géographie, géopolitique en classe préparatoire au lycée Saint-Louis), "Un modèle pour les licences de l'enseignement supérieur", sont publiés par les Cahiers Français dans son n° 376 consacré à la Société et à ses violences.

Pour les deux auteurs, la sélectivité sociale des CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) est due au cursus antérieur des élèves, mais il s'agit du seul point d'accord entre eux. Pour Marie Duru-Bellat, la "forme d'excellence hyperscolaire" des prépas est un "style de travail qui ne nourrit pas la créativité ni d'ailleurs le goût véritable des sciences et des techniques", elle  doit être passée au tamis d'une méthode coûts / bénéfices. Elle en évoque d'ailleurs le coût élevé avec une évaluation de toute la filière, y compris la scolarité dans les grandes écoles, et l'éventail auquel elle parvient serait "de l'ordre de un à quinze" entre le moins coûteux des 1er cycle de droit et "certaines GE dont les étudiants sont de plus rémunérés". Frédéric Munier la contredit avec un rapport issu de la Conférence des GE d'où il ressort "un coût horaire ... finalement inférieur à celui de l'université".

La sociologue souhaite une démocratisation de la formation d'une élite qu'elle envisage plurielle, issue au moins autant de l'université et de sa recherche que des grandes écoles : "on pourrait imaginer d'accueillir tous les bacheliers dans de grands ensembles de formation" et "à l'issue de cette première année, [serait organisée] une sélection académique inévitable à ce stade où il est nécessaire d'acquérir des savoirs pointus" mais différenciée  selon les itinéraires choisis. Le professeur estime pour sa part que les prépas sont un "correcteur social par l'excellence", la différenciation sociale ayant, si on l'en croit, pour unique origine la "baisse des exigences" du cursus antérieur, certaines familles pouvant et d'autres ne sachant combler les lacunes. Pour F. Munier, les prépas, "c'est le système qui s'est le plus transformé notamment vis à vis des boursiers et des nouveaux publics". Il les compare aux "public schools" britanniques et "prep schools" américaines, "bien plus élitistes et discriminantes que notre modèle républicain". Pour lui, si le modèle disciplinaire reste prégnant à l'étranger, nos prépas, du fait des bourses et de diverses formes de tutorat, ont pris le tournant de parcours individualisés tout en restant fermes sur la culture générale. Elles constituent même un modèle pour des licences universitaires à venir. Marie Duru-Bellat évoque d'autres scenarii et si elle considère comme positifs les évolutions récentes dans la diversification des recrutements des prépas et le recrutement des GE sans passer par les prépas, une évolution que la loi Fioraso favorise, elle n'en préconise pas moins de rapprocher les CPGE des premières années des universités, "ne serait-ce qu'en faisant payer des droits d'inscription identiques". 

Faut-il réformer les classes préparatoires ?, in Les Cahiers français, n°376, "La société et ses violences", septembre-octobre 2013, La Documentation française, prix : 9,80 euros.

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