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Claude Thélot, penser l'Ecole en compagnie des grands hommes, d'Héraclite à Illich

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 05 septembre 2014.

"L'éducation peut tout, elle fait danser les ours" disait Leibniz. Claude Thélot le cite, avec 170 autres auteurs de maximes, ou de formules, comme autant de prétextes à penser l'éducation. Les grands hommes sont loin d'être tous d'accord, Kant pensait que l'homme n'est "que ce que l'éducation fait de lui", tandis que La Fontaine estimait qu'elle ne touchait pas à l'essentiel et que pour Wilde, "rien de ce qui vaut d'être connu ne saurait s'enseigner". Mais ces oppositions sont fécondes, elles invitent le lecteur à la réflexion, ou à la rêverie sur la relativité des vérités dans ce domaine.

L'ancien responsable du système d'évaluation de l'Education nationale ne se contente pas de rêver. Il revisite l'histoire de notre système éducatif, et vérifie la permanence des grands problèmes. Ainsi du statut des enseignants. Condorcet refusait qu'ils forment un corps afin "de préserver l'enseignement d'un esprit de routine", tandis que Napoléon a voulu qu'ils "épousent l'instruction publique, comme leurs devanciers épousaient l'Eglise"... Et le passé éclaire le présent. Francisque Sarcey (1827-1899) dénonçait déjà les effets pervers du baccalauréat : "les professeurs n'obtiennent plus aucune attention pour les études désintéressées, les seules bonnes (...) Au lieu de faire les devoirs qu'on leur donne, [les élèves] plongent à corps perdu dans les manuels où la science est comprimée, entassée et distribuée en plaquettes de Liebig."

Montaigne, Pagnol, Héraclite

Claude Thélot, passant de Montaigne à Pagnol pour soutenir son propos, s'interroge aussi sur le profil idéal des enseignants, sur leur formation et leur affectation, notamment dans les collèges les plus difficiles. Parfois plus légère, la réflexion peut aussi être tragique : un proviseur (anonyme, survivant des camps de concentration) s'adressant aux enseignants de son lycée leur demande d'aider leurs élèves "à devenir des êtres humains" : "vos efforts ne doivent jamais produire des monstres éduqués, des psychopathes qualifiés, des Eichmann instruits". Héraclite disait déjà qu' "un savoir multiplié n'enseigne pas la sagesse".

Sa réflexion se nourrit également de ses souvenirs de statisticien et d'observateur privilégié, et de longue date, du système scolaire. Ainsi du socle commun tel qu'il est défini actuellement et pour lequel, en 2008, "le ministère de l'Education nationale n'a pas su ou pas eu le courage de faire un tri suffisant entre l'indispensable et l'important". Il faudrait d'ailleurs, estime l'auteur, "aller plus loin" dans l'organisation de l'enseignement des langues et "cesser de voir l'anglais de communication internationale comme une langue étrangère parmi d'autres".

Et s'il ne l'a pas voulu, Claude Thélot n'en a pas moins constitué un réservoir de citations pour tous les élus qui veulent renouveler leurs discours lorsqu'ils doivent inaugurer une école... "Plus on sait, plus on est capable d'apprendre", disait Alain et cette phrase justifie tous les investissements.

"Les maximes éducatives et la politique qu'elles dessinent", Claude Thélot, Fabert, 220 p., 18,50 €

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