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Apprentissage : des signes de fragilité à ne pas surinterpréter (Fnadir, interview exclusive)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 07 juin 2022.

La journée d'information organisée le 2 juin par les directeurs de CFA, a été l'occasion d'évoquer une progression vertigineuse du nombre des CFA et des apprentis (voir ToutEduc ici), mais aussi des signes de fragilité. ToutEduc a interrogé Pascal Picault, président de la FNADIR sur leur importance et leur signification.

ToutEduc : Vous avez noté, lors de la journée que la FNADIR organisait le 2 juin, des signes d'une certaine fragilité de l'apprentissage, qui vient de connaître une progression vertigineuse...

Pascal Picault : On peut tout juste parler d'un frémissement à la baisse. Le nombre des contrats signés au mois d'avril est légèrement inférieur, de 12 %, à celui du même mois l'année dernière, c'est un indicateur à suivre...

ToutEduc : Quels sont les facteurs de fragilité de la situation ?

Pascal Picault : Aujourd'hui, l'Etat subventionne pratiquement l'intégralité du coût, pour l'entreprise, d'un apprenti, avec l'aide exceptionnelle de 5 000 ou 8 000 € dont le ministre du Travail vient d'annoncer (le 24 mai, ndlr) qu'elle était prolongée jusqu'à la fin de l'année. Si le succès de l'apprentissage ne tient qu'à ce financement, ce que je ne crois pas, il faudra s'attendre à une baisse des recrutements en 2023.

ToutEduc : La progression quantitative de l'apprentissage, qu'il s'agisse des apprentis ou des CFA est impressionnante, mais est-ce que la qualité suit ?

Pascal Picault : La loi prévoit que tous les organismes de formation doivent être certifiés par des organisme tiers qui leur délivrent la marque "Qualiopi". Celle-ci a été très critiquée, mais on oublie qu'un second audit est prévu dans les deux ans qui suivent, pour vérifier le respect des engagements pris. C'est à ce moment-là qu'on pourra vraiment juger. Mais on peut très bien faire évoluer Qualiopi...

ToutEduc : Pour les entreprises, cet afflux de jeunes suppose la mobilisation de maîtres d'apprentissage. En disposent-elles ?

Pascal Picault : Elles sont effectivement parfois un peu démunies et nous proposons que les CFA puissent les accompagner, former les maîtres d'apprentissage qui ne savent pas toujours comment construire un parcours de formation pour amener progressivement un jeune à l'autonomie. Les OPCO ont les moyens de financer cette montée en compétences. Ne sont-ils pas des "opérateurs de compétences" ?

ToutEduc : La situation se pose-t-elle dans les mêmes termes pour les niveaux CAP et pour les niveaux enseignement supérieur ?

Pascal Picault : Non. Dans l'enseignement supérieur, les jeunes étaient autrefois en quête d'une formation et d'une entreprise, maintenant ils ont le choix de l'entreprise et nos CFA se font parfois concurrence. Le rapport s'est inversé. Pour les niveaux infra-bac, dans les branches en tension, les CFA subissent la concurrence des entreprises qui viennent recruter des jeunes non diplômés, qui sont heureux de gagner mieux leur vie, mais qui ne se rendent pas compte qu'ils sont perdants à moyen et long terme.

ToutEduc : C'est récent ?

Pascal Picault : La crise sanitaire et le confinement avaient masqué les évolutions du marché de l'emploi.



Propos recueillis par P. Bouchard, relus par P. Picault

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