La France ne manque pas d'excellents élèves, mais ses futures "élites" ne sont pas polyvalentes (PISA)
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 30 août 2013.
Mots clés : PISA, élite, OCDE, Finlande
"Il faut que les systèmes scolaires aient davantage de très bons élèves polyvalents ". Dans sa dernière note Pisa à la loupe, l'OCDE soutient que le nombre de bons élèves "polyvalents", qui excellent à la fois en mathématiques, en lecture et en science, permet d'évaluer l'étendue du vivier des futures élites d'un pays, et détermine ainsi son potentiel de croissance.
Dans ce domaine, la France peut être (relativement) rassurée, l'Hexagone ayant un taux de très bons élèves polyvalents supérieur à le moyenne de l'OCDE. 4,4 % des élèves français sont excellents en mathématiques, en lecture et en science, ce qui place la France au 13e rang des pays de l'organisation.
Mathématiques
Actuellement, dans l'OCDE, 4,1% des élèves sont d'excellents élèves polyvalents, mais cette proportion "varie très fortement" entre les pays, entre plus de 8% des élèves (Nouvelle-Zélande, Finlande, Japon) et moins de 1% (Chili, Mexique, Turquie).
L'OCDE note que les élites de nombreux pays sont très spécialisées, notamment en mathématiques. Elle cite l'exemple de la Suisse et de "plusieurs économies asiatiques" (la Chine, la Corée du Sud, Singapour) qui forment davantage d'excellents élèves en mathématiques que dans les autres matières. En Suisse, 24% des élèves sont excellents en mathématiques, mais seulement 11% le sont en sciences et 8% en lecture.
Certains systèmes scolaires très performants parviennent moins que d'autres à former des élites polyvalentes. La Corée du Sud et Singapour ont sensiblement les mêmes résultats aux tests PISA, mais la Corée a presque deux fois moins d'excellents élèves polyvalents (7% contre 12%). La France fait partie des pays qui parviennent à former un assez grand nombre de bons élèves polyvalents malgré un système scolaire assez peu performant. L’Hexagone devance ainsi la Norvège ou l’Estonie, pourtant mieux "classés" aux tests PISA.
1 écolier français sur 5 est excellent
Il ne faudrait pas pour autant en conclure que les "futures élites" françaises sont plus polyvalentes que les autres. D’après d’autres données PISA, que ne prend pas en compte cette note "PISA à la loupe", la France comporterait certes davantage de très bons élèves que l’on pourrait le croire, mais ces excellents écoliers manqueraient de polyvalence.
21,5% des écoliers français excellent dans au moins un des domaines évalués par PISA (mathématiques, sciences, lecture), soit 5 points de plus que la moyenne de l’OCDE, qui s’établit à 16,6%. La France est le 9e pays de l’organisation qui forme le plus de très bons élèves, juste derrière la Corée (23,6%) et loin devant la Finlande (15,3%). Le trio de tête dans ce domaine, inattendu, est composé des Pays-Bas, de l’Autriche et du Luxembourg.
Mais comme le rappelle la note PISA à la loupe elle-même, "être un bon élève dans un domaine ne signifie pas forcément être bon partout". Parmi les très bons élèves français, seuls 22% sont « polyvalents », c’est-à-dire excellents dans les trois matières évaluées par PISA, ce qui place l’Hexagone en-dessous de la moyenne de l’OCDE, où 25% des excellents élèves sont polyvalents, mais devant les Etats-Unis (19%) ou la Finlande (19%). Les pays où les très bons élèves sont le plus en mesure d’exceller partout sont le Luxembourg, l’Australie et la Turquie.
par R.G.