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Un bac professionnel peut remettre en cause l'offre régionale de formation (étude)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 26 décembre 2013.

Dix-neuf certifications de niveau V, des certifications de niveau IV peu nombreuses, une multiplicité de certificateurs (les ministères en charge de l’agriculture, de la santé, des affaires sociales, du travail)… et dans ce paysage, l’arrivée à l’Education nationale de formations jusque-là assurées par des organismes spécifiques et présentes maintenant dans les lycées à hauteur de 40% des formations d’auxiliaire de puériculture, 20% des formations d’aide-soignant et 13% des formations d’aide médico-psychologique. C’est dans ce contexte que le ministère de l’éducation nationale a commandité une étude * pour comprendre les mécanismes d’adaptation qui se mettent en place au niveau régional suite à une décision nationale, en l’occurrence ici la mise en place en 2011 du bac professionnel ASSP (accompagnement, soins et services à la personne) alors que la filière sanitaire et sociale de ce département ministériel s’arrêtait jusqu’ici au BEP "carrières sanitaires et sociales", sans compter le bac ST2S (sciences et technologies de la santé et du social).

Conduite de manière approfondie dans cinq régions (Limousin, Nord Pas de Calais, Haute-Normandie, Midi-Pyrénées, Champagne Ardenne), l’étude montre une relative circonspection de la part de certains acteurs de l’Education nationale, ceux-ci estimant que faute d’une définition précise des articulations avec les certifications professionnelles largement reconnues par les employeurs, le positionnement de ce bac pro amenait à s’interroger sur sa vocation réelle : insertion professionnelle directe ou étape dans un parcours de formation ? Pour d’autres, les titulaires de ce bac pourraient probablement viser des écoles d’aide-soignant, d’auxiliaire de puériculture, voire des instituts de formation en soins infirmiers ou même, pourquoi pas, des écoles de santé. En tout état de cause, pour prémunir le bac ST2S d’une baisse de ses effectifs, deux pistes se dessinent: ouvrir plus largement cette filière dès la seconde ? créer une passerelle de la filière ASSP vers la filière ST2S à l’issue de la seconde ou de la première ?

Quelle concertation avec les autres ministères

Quant aux représentants des autres ministères certificateurs, ils considèrent que les diplômes de l’éducation nationale sanctionnent un parcours de formation initiale et ne sont pas professionnalisant, à la différence de ceux du ministère en charge de la santé ; ou bien que l’apparition de ce nouveau bac pro va rendre plus difficile qu’elle ne l’est déjà la question des stages ; à moins qu'ils ne redoutent les conséquences d’une arrivée "massive" des premiers diplômés de ce bac sur le marché du travail… Ceci pose, en creux, la question du rôle des Régions, la cartographie de l’offre de formation relevant du "schéma des formations sanitaires et sociales". Cependant, la programmation des formations initiales dépendant des certifications du ministère de l’Education nationale reste "à la main" des rectorats. Se pose donc le problème de la concertation et, au-delà, de l’articulation entre la programmation des formations sanitaires et sociales par les Régions et la cartographie des formations par les rectorats. Si la concertation varie quelque peu d’une région à l’autre, elle se révèle, dans l’ensemble, faible…

Pour les auteurs de l’étude, une régulation progressive et une recomposition lente de l’offre de formation constituent le scénario le plus plausible pour les régions mais seulement à terme. S’agissant ici des formations sanitaires et sociales, ils estiment que les habitudes installées au sein des différentes CPC (commissions professionnelles consultatives), en particulier au sein de celle du travail social, mèneront les acteurs concernés à la recherche d’une telle régulation d’abord au niveau national.

Mais, comme le rappellent les auteurs, un certain nombre de préconisations sont déjà connues :

- poursuivre les travaux en vue d’une simplification des certifications de niveau V et IV du secteur des services à la personne

- exprimer une volonté politique forte pour une démarche de véritable régularisation avec la création d’un secrétariat de coordination interministériel

- construire une cartographie des passerelles verticales entre certifications de niveau V et de niveau IV

- conduire une expérimentation régionale de mise en œuvre de la simplification des certifications de niveau V.

Ces préconisations émanent de la "Mission relative à la simplification de l’offre des certifications dans le champ des personnes fragiles" menée par le président de la CNCP (commission nationale de la certification professionnelle), l’inspecteur général de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche Georges Asseraf. C’était en 2009. Ces préconisations n’ont toujours pas été mises en application.

Les auteurs se demandent si le principal impact de la création de ce baccalauréat professionnel sera de provoquer enfin cette remise en cause de l’existant.

*Incidence d’une rénovation de diplôme sur la cartographie de l’offre de formation en région : l’exemple du secteur sanitaire et social, Geste, Rodolphe Ejnes, Sabine Mengin, Philippe Passemard, CPC études-2013 no 1, juillet 2013,

 

Arnold Bac

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