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Les initiatives gouvernementales pour l'emploi des jeunes “demeurent insuffisantes pour garantir à chacun les conditions d’une insertion professionnelle réussie“ (Conseil d'orientation des politiques de jeunesse)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 23 septembre 2022.

Focus sur l'école primaire, obligation de formation jusqu'à 18 ans, plan d’investissement dans les compétences... “bien que ces initiatives méritent d’être saluées, constate le COJ, elles demeurent insuffisantes et ne traitent que du problème des jeunes en situation de décrochage scolaire et non des inégalités existantes dans le système scolaire du secondaire et du supérieur ainsi que des inégalités territoriales.“

En juin 2022, les membres du Conseil d'Orientation des Politiques de Jeunesse (COJ) ont validé un rapport présentant les 32 défis à relever pour les jeunesses, rapport qui sera bientôt débattu.

En termes de scolarisation et de formation, il est en effet constaté que 3 239 écoles ont été fermées durant ces cinq dernières années (soit environ 2 par jours), ou encore que pour les jeunes ruraux, les établissements scolaires étant plus éloignés, l’orientation se fait plus fréquemment dans les lycées de proximité, plus souvent agricoles ou en apprentissage, d'où une orientation plus fréquente vers des parcours courts et professionnalisants.

Le COJ souhaite notamment permettre aux jeunes, en rupture de contrat d’apprentissage, de réintégrer plus facilement l’Education nationale et de poursuivre sa formation sous statut scolaire. Il demande aussi un renforcement de la formation des jeunes incarcérés (accès au numérique dans les salles de formation, avec mise en place de solutions sécurisées d’accès à Internet et création de postes d’enseignants) et l'évaluation de l’obligation de formation deux ans après sa mise en œuvre, et voir comment le plan “1 jeune, 1 solution“ a eu un impact sur celle-ci.

Pour faciliter l’orientation scolaire, professionnelle et universitaire en faveur de l’égalité des chances pour tous les jeunes, le COJ parle de faire évoluer le projet de service national universel en parcours d’éducation à la citoyenneté construit sur l’ensemble du parcours scolaire, entre l’école maternelle et le collège, en s’appuyant sur les outils du parcours citoyen.

Le SNU est également appelé à des modifications dans le volet “engagement“ du rapport. Il s'agit de garantir la mixité dans les missions d’intérêt général du Service National Universel et dans le missions du service civique, quels que soient les métiers, mais encore de mettre en place une sensibilisation obligatoire sur l’égalité femmes-hommes et la prévention des Violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le cadre du SNU et du Plan mercredi ou des Cités éducatives.

Dans ces “points d'alerte“, le COJ affirme encore qu'il ne faut “pas faire du Service National Universel le seul espace d’engagement“. Il ajoute que dans la mesure où l’engagement suppose “d’être volontaire“, il ne doit pas être accompli dans le cadre d’une injonction faîte à l’ensemble des jeunes. De même, il convient de ne pas formaliser un cadre trop rigide des missions dévolues aux jeunes volontaires afin de ne pas perdre l’essence même de l’engagement.

Le COJ explique par ailleurs que les outils de valorisation des compétences de l’engagement développés par les pouvoirs publics et les associations sont aujourd’hui peu connus par les jeunes et leur coexistence les rend peu lisibles et donc peu utilisés, ce qui nuit à leur crédibilité.

Est par exemple proposé de donner les moyens de s’engager dans son établissement scolaire ou dans son établissement de formation aux jeunes qui le souhaitent via notamment des aménagements possibles d’emploi du temps. Le COJ aimerait de plus donner des moyens et renforcer le rôle des cours d’Éducation Morale et Civique au collège, au lycée et dans les établissements de formation, tout en refondant cette matière en “Éducation civique, Culture et Histoire politique“.

En matière de logement, pour le COJ “malgré des pistes intéressantes, la loi ELAN n’a pas permis de répondre à un certain nombre d’enjeux structurants : production de logement social, régulation du parc privé, accès aux droits sociaux des jeunes, etc.“ Celui-ci appelle à “réguler le parc privé locatif“, notamment à travers un encadrement des loyers dans la durée et sur l’ensemble des logements et du territoire et au travers d’un renforcement des moyens de police administrative.

De plus, la contemporanéisation des APL (opérationnelle le 1er janvier 2021) “pénalise particulièrement les jeunes actifs en situation de précarité“ car c’est au moment où ils se lancent dans la vie active qu’ils voient leur APL diminuée ou supprimée. Il conviendrait dès lors “d’instaurer un filet de sécurité pour les jeunes primo-demandeurs d’emploi et pour les jeunes en situation de précarité.“

Au sujet de l'emploi, il semble que l’ensemble des initiatives gouvernementales (1 jeune, 1 solution, Contrat d’Engagement Jeune ) “bien qu’elles aient le mérite d’être saluées pour leur effort financier et leur volonté d’accompagnement des jeunes vers la formation et l’emploi en particulier ‘d’avenir ‘, dans les secteurs de la transition écologique et numérique, demeurent insuffisantes pour garantir à chacun les conditions d’une insertion professionnelle réussie“.

Le rapport préconise par exemple de mettre en place un revenu universel d’autonomie pour les jeunes de 18 à 25 ans ou encore d'accentuer les actions facilitant les ponts entre les métiers, notamment pour les jeunes ne possédant pas de diplôme ou de qualification en mobilisant la validation des acquis et en activant des droits inconditionnels à la formation.

Par ailleurs, est proposé de mettre en œuvre une régularisation automatique des mineurs non accompagnés (MNA) ayant eu un parcours “Aide Sociale à l’Enfance“ (ASE) afin de stabiliser leurs parcours d’insertion, leur formation et leur logement.

Est en outre expliqué que la situation actuelle nécessite un plan ambitieux pour les jeunes, “qui passe par une action déterminée et une programmation sur les prochaines années“, à savoir par “un développement de l’accès aux formations supérieures pour les jeunes issus de zones rurales, en évitant le tout-numérique et en veillant à une diversité de l’offre.“ Ce plan doit commencer par une augmentation des bourses et des APL, l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans, le rétablissement de l’aide à la recherche du premier emploi, la suppression des contrats jeune précaire pour aller vers des statuts pérennes et le rétablissement de l’obligation pour les départements des contrats jeunes majeurs.

De plus, la réforme de l’assurance chômage “pénalise les jeunes entrant sur le marché du travail“ obligeant depuis le 1er décembre 2021 d’avoir travaillé 6 mois au cours des 24 derniers mois (contre 4 auparavant) pour pouvoir être indemnisé par l’assurance chômage. Ainsi “au regard des difficultés rencontrées par les jeunes pour accéder à un premier emploi, un décret rectificatif, portant spécifiquement sur les jeunes de moins de 25 ans, s’impose.“

De plus, il convient pour le COJ “d’être vigilant quant à l’attribution de marchés publics ou d’appels à projets (PIC, PIA, etc.), dédiés à mettre en place des actions facilitant l’insertion socio-professionnelle, à des opérateurs privés à but non lucratif qui ne connaissent pas les spécificités des territoires dans lesquels ils doivent intervenir.“

Question santé, en particulier de santé mentale, le COJ fait valoir que le manque de connaissances qu’ont les jeunes et leur entourage familial des maladies psychologiques rend par exemple difficile la mise en place d’une politique de prévention efficace.

Est souhaitée l'amélioration du repérage des situations de handicap en milieu scolaire pour “développer un accompagnement précoce visant à réduire le sur-handicap“ , une démarche à assurer également auprès du public déscolarisé (décrocheurs).“

Les mobilités sont également discutées dans ce rapport, étant donné que “de leurs déplacements quotidiens à leur mobilité résidentielle comme internationale, les jeunes font face à des obstacles qui les empêchent d’avoir accès au permis de conduire, aux transports collectifs mais également au logement autonome et à des opportunités d’étudier et de travailler sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger, et ce d’autant plus lorsqu’ils sont en situation de handicap.“

Ces obstacles, invisibles au plus grand nombre, n’en sont pas moins réels et sources d’angoisse pour les jeunes mais aussi vecteurs de grandes inégalités. C’est effectivement le cas des jeunes les plus vulnérables, des « NEET » et plus généralement des jeunes issus de milieux défavorisés : ils sont davantage touchés par ces freins qui sont souvent d’ordre financier, éducatif mais aussi socio-culturel.

Le COJ propose d'accompagner les jeunes en milieu rural dans l’acquisition de leur première voiture avec assurance, ou encore d'augmenter le montant/créer des chèques carburant pour les jeunes, en particulier issus de milieux ruraux, pour garantir le droit à la mobilité pour tous.

Enfin, concernant l'environnement et l'écologie, le rapport indique que des actions demandent aujourd’hui à être prises en compte par les pouvoirs publics et le défi de mobiliser les franges de la jeunesse les moins favorisées pour la cause environnementale demeure d’actualité.

Le rapport du COJ ici

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