Où en est la philosophie de l'éducation?
Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 07 avril 2010.
Le site Skholè propose un grand entretien avec trois philosophes particulièrement intéressés par les questions d'éducation, Denis Kambouchner, Philippe Meirieu et Bernard Stiegler. La première question porte sur la place du numérique dans l'école. Pour Bernard Stiegler, les "supports de mémoire" sont aujourd'hui "pilotés par le marketing" et l’école "doit résolument s’emparer des NTIC en jouant un rôle thérapeutique à leur égard, afin de les convertir en de véritables instruments de savoir et d’individuation". Pour Denis Kambouchner, certes, il faut faire une place à l'Internet, mais l'école doit rester "un lieu où des adultes racontent des histoires aux enfants". Philippe Meirieu répond par une interrogation: alors que rien ne s’oppose à ce que ces technologies "deviennent l’occasion d’un véritable développement psychique, à la manière des pratiques classiques d’écriture", comment s’assurer que les vertus fondamentales de l’écrit ne soient pas écrasées par la technologie?
Les trois philosophes sont ensuite interrogés sur la place de l'Ecole dans la "société de la connaissance" et sur son rapport avec la démocratie. Les responsables du site constatent en effet qu' "économie de la connaissance ne rime pas nécessairement avec développement de la culture, mais aussi bien, et peut-être d'abord, pour le moment, avec prolétarisation des esprits". Ils ajoutent que "les systèmes scolaires modernes sont traversés par des tendances et des fonctions pour partie contraires, entre la (re)production du corps social et le développement personnel de l’individu, entre la domination et l’émancipation, la 'sélection' et l’ 'égalité des chances'." Les réponses, assez convenues, sont moins intéressantes que les questions posées, avec leur argumentaire.