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Réforme de la formation professionnelle, ce n'était qu'un "malentendu" (ministère de l'apprentissage et de la formation professionnels)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 21 octobre 2022.

"Il n'y aura pas de big bang de la formation professionnelle", les seuls points de la réforme qui ne sont pas négociables sont "les quatre thématiques" correspondant à la liste des "quatre grands enjeux" qui donnent leurs noms aux quatre groupes de travail qui sont installés ce 21 octobre. Même l'augmentation des périodes de formation en milieu professionnel n'est plus une évidence : "Nous attendons les conclusions des groupes de travail", déclare à la presse l'entourage de la ministre déléguée à l'apprentissage et à la formation professionnels, qui ajoute se conformer ainsi à l'injonction présidentielle de "changer de méthode" et donc de privilégier le dialogue. Le ministère promet également "d'investir comme jamais" dans les lycées professionnels et ajoute qu'il ne s'agit pas d'appliquer aux LP le modèle de l'apprentissage, mais d'améliorer leur image comme a été améliorée l'image de l'apprentissage. Les propos d'Emmanuel Macron s'adressaient au grand public, faire aussi bien que ce qui avait été fait pour les CFA tout au long du quinquennat précédent, mais ils ont pu être mal compris et inquiéter les personnels des lycées professionnels, reconnaît l'entourage de la ministre.

Quatre groupes de travail sont donc installés, comment réduire le nombre de décrocheurs ? ("mais nous n'avons jamais dit que le décrochage était le fait des lycées professionnels, au contraire"), comment mieux préparer les poursuites d’études supérieures requises par certains métiers ?, comment améliorer le taux d’accès à l’emploi après le diplôme ? (l'entourage ministériel fait état d'études qui montrent que le temps passé en entreprise augmente les possibilités d'insertion, ToutEduc les a demandées), comment donner des marges de manoeuvre aux établissements tout en conservant le caractère national des diplômes ?

Une quarantaine de personnes dans chaque groupe de travail

Ces groupes de travail pourront "ouvrir toutes les pistes sans aucun tabou", promet encore le ministère qui évoque un CAP en trois ans pour tous les élèves en difficulté, ou un bac en quatre ans pour ceux pour qui l'accès au BTS représente "une marche trop haute". Chaque groupe est piloté par un recteur et a pour rapporteur un inspecteur général, il comprend une quarantaine de personnes, des représentants des directions du ministère, des organisations syndicales élues au CTMEN, des organisations représentatives au niveau interprofessionnel, des représentants des régions, des fédérations de parents d’élèves, des réseaux d’établissements privés et des syndicats enseignants du privé, missions locales éventuellement (la composition de chaque GT n'est pas exactement la même) mais aussi des acteurs de terrain, inspecteurs, chefs d'établissement, professeurs de lycée professionnel, élèves, choisis parmi tous ceux qui ont "sollicité" le ministère. "En complément, des experts pourront être auditionnés (...) au fil de l’eau." Chaque groupe devrait se réunir cinq demi-journées d'ici Noël, mais pourrait poursuivre des auditions au mois de janvier, les conclusions devront être rendues fin février.

"Mais il ne s'agit que de pistes de travail" dont devront ensuite s'emparer des "groupes préfigurateurs pour approfondir chaque objet". De toutes façons, les moyens des établissements (les "DHG") seront fixés avant que les GT aient rendu leurs copies, et le seul point de la réforme qui pourrait s'appliquer dès la rentrée 2023 concerne les gratifications aux élèves pour les périodes de stage. Le dossier de presse prévoit toutefois que, "début 2023" seront lancés des travaux et des "expérimentations sur la base des conclusions des groupes de travail".

Pas de chiffrage pour l'augmentation des PFMP

En ce qui concerne les PFMP, leur augmentation de 50 %, régulièrement évoquée jusqu'à ce jour, n'apparaît pas dans le dossier de presse, mais parmi les "pistes d'échanges" proposées aux groupes de travail figurent ces deux questions, "Comment augmenter le nombre de semaines de PFMP tout en renforçant la complémentarité des enseignements au lycée professionnel avec les acquis du jeune en entreprise ?" et "Comment mieux intégrer les périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) dans le parcours global de formation ? Quel suivi personnalisé avec les tuteurs ?" En effet, pour répondre encore aux inquiétudes des enseignants qui craignent de perdre des heures avec l'augmentation des PFMP, le ministère évoque un accompagnement renforcé des élèves pendant qu'ils sont en stage.

Il assure encore qu'il n'y a aucune raison de penser à une mise en concurrence des CFA et des LP, même si, de part et d'autre, on s'inquiète. Il faut penser en termes de "partenariat". Comment peuvent-ils être partenaires quand leurs modes de financement sont à ce point différent ? demande un journaliste. "Les difficultés de gestion" font partie des questions qui doivent être examinées par les groupes de travail. D'ailleurs, parallèlement à ce travail mené au niveau national, les établissements peuvent s'emparer du dispositif "conseil de la refondation" pour élaborer les projets locaux et accéder au FIP (fonds d'innovation pédagogique).

Le bilan de la TVP

La plupart des organisations syndicales qui appelaient à la grève mardi 18 octobre faisaient d'un "diagnostic partagé" un préalable à toute discussion. L'inspecteur général qui présidait le comité de suivi de la TVP (transformation de la voie professionnelle), Marc Foucault, propose son bilan dans le dossier de presse. Il considère notamment que "les pratiques de co-intervention sont bien installées" et que "les enseignants se sont emparés du chef-d’oeuvre", que "les Campus des métiers et des qualifications nouvelle génération produisent une réelle dynamique en termes d’attractivité de la voie professionnelle". Il reconnaît qu'avec "l’ouverture de certains parcours à l’apprentissage", "quelques questions organisationnelles se posent toujours", mais qu'elle a suscité "une réflexion particulièrement riche sur le sujet". Il reconnaît surtout que "seuls quelques établissements proposent un accompagnement renforcé au contenu vraiment pensé sous le prisme de la personnalisation du parcours de l’élèves" et que "sa mise en oeuvre concrète n’opère pas nécessairement encore très bien (une) distinction en fonction des projets des élèves", insertion ou poursuite d'études.

Quant à l'organisation des enseignements en seconde en "familles de métiers", elle pose "aussi plusieurs questions". D'une part, "le choix de spécialités en fin de seconde est souvent limité aux formations inscrites à la carte du lycée fréquenté" et pour "concrétiser le concept", donc permettre de choisir un métier qui a été présenté dans une "famille", il faut compter avec d'autres établissements, qui peuvent être éloignés géographiquement, il conviendrait donc "d’accompagner localement cette mise en réseau des établissements et des équipes avec des pratiques de mutualisation". D'autre part, "la communication à destination des collégiens doit être renforcée. Marc Foucauld considère enfin que "toutes les équipes" n'ont pas saisi la "dimension systémique" ni le sens de la TVP. Et il plaide pour que soit mise en oeuvre "une réforme plus structurelle", et souligne que "le rapport à l’entreprise et à l’économie est fondamental pour le lycée professionnel et ses diplômes, d’où l’intérêt qui doit être porté à l’apprentissage et à la rénovation des PFMP".

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