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“De plus en plus de difficultés d’insertion sur le marché du travail pour les sortants précoces du système scolaire“ (DARES)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 26 mai 2023.

Même si “achever ses études avant 16 ans est désormais une situation marginale“, la DARES constate, dans une étude consacrée à l'articulation entre l'âge de fin de formation initiale et le début de carrière professionnelle, que “les sortants précoces du système scolaire rencontrent de plus en plus de difficultés d’insertion sur le marché du travail au fil des générations“.

Si les sorties très précoces du système scolaire (16 ans ou moins) concernaient ainsi plus de 60 % des personnes nées en 1935, elles ont ensuite reculé de façon continue, atteignant 12 % pour la génération 1968 et jusqu'à 5 % seulement pour la génération 1980. En conséquence, les personnes nées avant‐guerre ont quitté leur formation initiale en moyenne avant 17 ans, alors que pour les générations suivantes, l’âge moyen a crû jusqu’à atteindre 21 ans pour la génération 1975, avant de se maintenir à ce niveau depuis.

Cette hausse de l’âge de fin d’études, et donc du temps passé à l’école, s’explique par différentes évolutions de la politique éducative en France au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, comme la prolongation de l’obligation scolaire ou la massification scolaire. De cette dernière a d'ailleurs résulté une hausse de l’espérance de scolarisation à 2 ans, passée de 16,9 ans en 1985 à 18,8 ans en 1995 (et qui a peu varié ensuite).

Niveau de qualification

Seulement, comme le constatent Marie Gouyon et Sonia Makhzoum, l’obtention d’un premier emploi n’a pas forcément lieu immédiatement après la fin des études. Les deux statisticiennes au ministère du travail expliquent en effet que le niveau de qualification “est un des critères déterminants de la vitesse d’insertion professionnelle“. Dès lors, un niveau de diplôme plus élevé permet une insertion plus rapide, or toutes générations confondues le niveau de diplôme atteint est fortement corrélé à l’âge de sortie des études initiales : “la très grande majorité des personnes sorties d’études à 16 ans ou moins est sans diplôme, tandis que 40 % de celles ayant terminé leurs études initiales à 20 ans ou plus sont diplômées de l’enseignement supérieur long“.

Il en résulte que la période d’insertion professionnelle est en moyenne plus longue pour les personnes sorties précocement des études initiales. Au cours des deux années qui suivent la fin de leurs études initiales, les personnes qui les ont achevées à 16 ans ou moins sont en moyenne à 85 % hors de l’emploi sur la période 2014-2020, dont 17 % au chômage et 68 % inactives. De même, trois à quatre ans après la sortie des études, ils sont encore 73 % dans ce cas, 56 % cinq à 10 ans plus tard et à peine moins de la moitié (46 %) au-delà de 11 ans.

Délai d'entrée

Les données recueillies par la DARES montrent également qu'une proportion importante de jeunes obtient son premier emploi l’année où il sort des études ou l’année suivante. Cependant, plus d’un tiers des jeunes sortis à 16 ans ou moins mettent deux ans ou plus à trouver leur premier emploi, quand plus de la moitié des personnes terminant leurs études initiales à 25 ans ou plus ont commencé à travailler avant la fin de leurs études.

Toutefois, pour les jeunes ayant achevé leurs études initiales à 16 ans ou moins, les entrées tardives sur le marché du travail n’ont pas eu la même importance selon les générations. Un délai d’au moins deux ans entre la fin des études et les débuts dans l’emploi concernait un jeune sur trois ayant terminé ses études à 16 ans ou moins jusqu’en 1973. Plus tard, entre 1984 et 1993, plus de la moitié des jeunes sortis à 16 ans dans ce cas, et près des trois quarts de ceux sortis en 2002 et au‐delà.

Ainsi, expliquent les auteurs, “quitter le système scolaire tôt n’implique plus d’avoir un début de carrière précoce, du fait de conditions plus difficiles d’insertion sur le marché du travail pour ces niveaux de qualification. Cet accroissement des difficultés d’insertion pour ces personnes coïncide par ailleurs avec la baisse de la part des jeunes ayant quitté très précocement les études, et pourrait ainsi résulter d’un effet de sélection négatif qui s’accroît pour ces jeunes.“

La note ici

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