Orientation » Actualité

Génération 2010 : Qui sont vraiment les NEET et que fait-on réellement pour eux ? (CEREQ)

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 02 janvier 2023.

L’indicateur NEET “masque la réalité sociale“ estime le CEREQ dans son analyse des trajectoires des jeunes de la génération 2010 sur 7 années. Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications considère en effet que la dénomination, venue d'Angleterre, désigne des jeunes éloignés du marché du travail et de la formation “sans jamais qualifier ni quantifier ce degré d’éloignement“, et de plus “ne permet pas de saisir la disparité des situations puisqu’il intègre aussi bien les diplômés allongeant leur durée de recherche d’emploi pour cibler des offres en lien avec leur formation, que les personnes actives exposées temporairement à une rupture de carrière ou les jeunes ne parvenant pas à trouver un travail“.

Si, au cours des sept années qui suivent la fin des études, ce sont près de 70 % des jeunes qui ont été concernés, et même environ 43 % d'entre eux qui commencent leur trajectoire professionnelle par une première séquence classée NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation, ndlr), les situations sont cependant très hétérogènes.

Ainsi, être NEET concerne 32 % des diplômés du supérieur à l’issue de leur formation pour 69 % des sortants sans diplôme, “avec un risque d’exposition durable inégal“ du fait que “parmi les jeunes qui se déclarent inactifs ou chômeurs dès la fin de leurs études, 77 % des diplômés du supérieur vont finalement connaître un accès rapide et stable à l’emploi“, contre 54 % des bacheliers et 24 % des personnes sans diplôme.

De même, la durée de l’expérience NEET “est davantage dépendante des ressources individuelles que représentent le capital académique et la détention du permis de conduire que du contexte familial“, bien que celui-ci ait "déjà joué en amont“. Il est en effet “d’autant plus envisageable d’intégrer la précarité et l’incertitude du lendemain comme une norme d’existence que les parents ou la fratrie ont connu eux-mêmes des situations précaires, des ruptures professionnelles et des périodes de chômage“.

Dès lors, expose le CEREQ, “seule une minorité se trouve grandement menacée par des difficultés persistantes d’accès à l’emploi, avec un risque d’exposition à la précarité, la pauvreté et la vulnérabilité“ à savoir les 20 % de jeunes sans diplôme les plus éloignés de l’emploi, dont les trois quarts n’ont jamais travaillé.

Et si les pouvoirs publics ont progressivement réorienté le financement des aides en faveur des jeunes susceptibles de se maintenir de façon prolongée en marge de l’emploi et de la formation, cela ne répond “que partiellement à la problématique des personnes les plus fragilisées qui cumulent une scolarité heurtée se terminant généralement sans diplôme, plusieurs freins périphériques à l’emploi, des caractéristiques discriminatoires (quartiers prioritaires, origine immigrée...), et souvent un contexte sociofamilial défavorable“.

Les NEET invisibles “parmi les moins aidés"

Malgré les efforts faits pour densifier la présence des Missions locales sur le territoire, certains jeunes demeurent difficiles à approcher et “ces ‘NEET invisibles‘, nouvelle catégorie que tentent de recenser les pouvoirs publics, rassemblent des jeunes marqués par les difficultés familiales ou personnelles depuis l’enfance, socialisés dans la rue ou encore celles et ceux qui se distancient de l’école ou de l’emploi volontairement. Cela concerne aussi les jeunes qui passent sous les radars de la protection sociale parce que leur profil n’en fait pas ou plus des bénéficiaires (marginaux, chômeurs longue durée en fin de droit, mineurs sans soutien parental ni droit à un reversement direct des aides à la famille).“

Pourtant, ces NEET vulnérables sont “parmi les moins aidés par le secteur public, car ils ne perçoivent généralement pas d’aide au logement (vivant chez leurs parents ou dans la rue), d’indemnité chômage (n’ayant jamais travaillé) ou de bourse d’études“, leurs ressources annuelles avoisinant en moyenne 2 200 € pour assurer le quotidien. Et alors que la prise en charge des plus vulnérables est “longue et complexe, car pour être accompagné, il faut avoir connaissance des aides, puis en faire la demande, et enfin obtenir la prestation demandée“, l'on assiste à “tout un processus qui participe à l’auto-exclusion des plus démunis qui ne sont pas toujours en mesure d’élaborer de telles stratégies d’accès à l’offre“.

D'ailleurs, cet “accompagnement limité dans le temps n’est pas toujours bien adapté pour faire face aux événements qui ont pesé sur leur histoire“, et les situations fragiles de ces NEET les empêchent souvent d’être retenus dans les dispositifs, quand bien même ils en constituent la cible dans les textes“. Ainsi, “pour ces jeunes les plus éloignés de l’emploi et de la formation, l’arbitrage entre dépendre des aides publiques ou des maigres revenus du ‘précariat‘ peut relever d’un choix cornélien... “

Pour le CEREQ enfin, ces dispositifs “sont évalués à l’aune d’un taux positif de sortie souvent défini par le nombre de retours en formation qualifiante ou d’embauches sur un contrat de plus de six mois. Cette logique de résultat qui gouverne le maintien dans le label, les financements ou les moyens de fonctionnement attribués aux institutions encadrantes fait peser une pression sur les intervenants et les hiérarchies intermédiaires.“

La question demeure, conclut-il, pour tout acteur et financeur de politiques publiques, à court terme de l’atteinte de la cible et à long terme de leur efficience pour les faire sortir d’une trajectoire NEET.

La note du Cereq ici

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →