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Parcoursup : "il reste du chemin à parcourir" pour que "ses usagers et la société" aient confiance (CESP)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 03 février 2023.

Parcoursup "ne peut pas tout faire en matière d’orientation et même de documentation". Parcoursup est "un tiers-lieu de rencontre entre les acteurs du secondaire, ceux du supérieur, les lycéens et les étudiants" et "constitue ainsi une opportunité de donner vie au continuum bac-3/bac+3, souvent invoqué et timidement mis en œuvre", estime le Comité éthique et scientifique de Parcoursup dans son rapport annuel au Parlement.

Le CESP estime notamment qu' "il reste du chemin à parcourir", malgré des améliorations depuis la création de la plateforme pour que "ses usagers et la société" aient confiance en l’outil puisqu'une enquête IPSOS montre qu'elle suscite "une angoisse croissante" et que s'érode "le sentiment de clarté, de fiabilité, de transparence, de justice, de rapidité" (...). Or tout le système repose sur la confiance : celle des CEV (les commission d'examen des vœux de chaque formation du supérieur, ndlr) dans les dossiers des lycées, celle des jeunes et de leurs familles dans la façon dont leurs dossiers sont examinés et classés".

Le rapport fait une large place à la question des algorithmes, mais commence par celle des capacités d'accueil dans l'enseignement supérieur: "Revient souvent l’idée qu’il suffirait d’augmenter les capacités d’accueil et l’offre de formation pour s’adapter complètement à la demande étudiante (...). S’il y a consensus pour reconnaître que l’offre de formation du supérieur est insuffisante (...), l’offre de formation d’un établissement ne peut pas être déterminée par la seule demande étudiante." Elle doit tenir compte "des possibilités d’insertion", "des contraintes physiques des locaux disponibles", mais aussi de "la stratégie de recherche des universités" dont les priorités "ne coïncident pas forcément avec les secteurs où la pression étudiante est forte".

Des mondes qui s'ignorent

Autre difficulté, "le supérieur et le secondaire sont des mondes qui s’ignorent partiellement au-delà de relations purement formelles ou institutionnelles". Les rectorats "devraient pouvoir jouer un rôle majeur dans la mise en place" du continuum Bac-3/bac+3, mais "le cloisonnement reste de mise" entre les services académiques. Quant à la décision de placer les épreuves de spécialité au mois de mars, elle a provoqué "de fortes inquiétudes" : "Que faire avec les élèves alors que le Bac est quasi-joué ?". Cette inquiétude est surtout perçue dans les quartiers difficiles où les élèves "sont naturellement tentés d’accepter un job dès le mois de mars et de ne plus venir au lycée (...). Plusieurs proviseurs ont émis l’hypothèse d’un troisième trimestre consacré à la préparation à l’enseignement supérieur, une sorte de période de transition. Certains ont d’ailleurs fait des modifications en ce sens en 2020, de leur propre initiative. "Mais pour que ces expérimentations réussissent, il faut que ce soit 'réciproque' et que l’enseignement supérieur, et notamment les universités, organisent également une période de transition pendant quelque mois au début des études."

Pour ce qui est des algorithmes, le CESP distingue l’algorithme d’appariement de Parcoursup utillisé "pour formuler les propositions à partir des classements des CEV et des vœux des candidats", il s’agit de "l’algorithme utilisé partout dans le monde pour l’affectation d’étudiants à des formations" et ses principes pourraient être enseignés au lycée dans le cadre des options informatique, ce qui contribuerait à dédramatiser cette étape du fonctionnement de Parcoursup. S'il est donc "parfaitement transparent", il n’en va pas de même des "algorithmes locaux" utilisés par les CEV. Ce sont plutôt en fait "des feuilles de calcul" qui permettent un "pré-classement" des candidats. Le Comité estime que, "pour estimer leurs chances d’obtenir une formation, les candidats ont besoin d’informations claires". Il n'est pour autant "pas question ici de rendre publique la totalité des calculs des CEV (...) ni de quantifier des éléments parfois qualitatifs rentrant en jeu dans les délibérations. Mais d’importants progrès sont possibles : quand une note de mathématiques a un coefficient 5 dans un pré-classement, pourquoi ne pas le dire ?"

Le classement des voeux

Le Comité revient sur le classement des voeux par les candidats : on sait que "la hiérarchisation des vœux accélère l’algorithme d’appariement", et que "la procédure actuelle est trop longue" et génère de l’anxiété. "Certes, 88 % des néo-bacheliers admis ont reçu la proposition qu’ils accepteront finalement en moins d’un mois. Mais plus de 17 000 (4 %) attendent encore au bout de 2 mois la proposition qu’ils accepteront finalement. Et cette attente est nettement supérieure pour les bacheliers technologiques et surtout professionnels, qui ont souvent le plus besoin de connaître tôt leur affectation pour des raisons financières." Le CESP ne propose pas une hiérarchisation des voeux dès la première phase, considérant que "cette hiérarchisation ne doit pas être trop précoce pour permettre le mûrissement des vœux", et il rappelle qu'une réforme est intervenue l'an dernier : "les candidats ont hiérarchisé leurs vœux en attente le 17 juillet." Il suggère d'avancer cette date "aux alentours du 15 juin" et il s'interroge : " Faut-il une 'hiérarchisation par paquets', par exemple : les vœux que je préfère vraiment, ceux que je prendrais à la rigueur, ceux qui sont là si je n’ai rien ? Ou bien faut -il une hiérarchisation stricte : premier, deuxième troisième, etc. ?"

Les rapporteurs se posent une autre question, "comment faire pour que tous les candidats aient au moins une proposition ?" Certains ont "d’autres projets". 6 % des candidats n’ont eu aucune proposition et 12 % ont quitté la plateforme avec au moins une proposition qu’ils n’ont pas acceptée et ont choisi des formations privées "qui ne sont pas sur Parcoursup", ou sont partis à l'étranger, notamment pour poursuivre des études de médecine, ou ont trouvé un emploi... "En outre, le nombre d’admis est sans doute sous-estimé car les chiffres nationaux (...) ne comprennent pas toutes les admissions en apprentissage" puisque "les CFA ne font pas remonter toutes les données dans Parcoursup." Mais il reste des places dans des formations "peu attractives" qui hésitent à "recourir à un appel en surnombre, ou surbooking", faute de quoi un certain nombre de candidats se découragent "en raison de la longueur de la procédure" et ne sont donc finalement pas appelés. "Les formations attractives aussi doivent recourir à des formes de surbooking afin d’accélérer la procédure et surtout de remplir", certaines facultés de droit notamment, très demandées, se retrouvent avec des places vacantes.

Trois focus

Le Comité propose un focus sur la région PACA, un autre sur la réforme de l'accès aux études médicales et paramédicales, un autre encore sur l'accès aux facultés de droit.

A noter encore qu'en 2022 les élèves de terminale représentaient 65 % des candidats, les étudiants en reéorientation ou remise à niveau 21 %, les reprises d'études 4 %. La population des candidats titulaires du diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU) est mal connue.

Le rapport ici

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