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Voie professionnelle : l'Europe va vers davantage de souplesse (CEE)

Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 24 janvier 2023.

Le conseil d'évaluation de l'école (Béatrice Gille, Marion Le Cam et Bertrand Richet) présentait mardi 24 janvier un panorama de l’enseignement professionnel secondaire en France et dans les pays de l'OCDE.

Système français

Les deux voies (scolaire et apprentissage) et leurs diplômes respectifs (niveau 3 et 4, CAP et baccalauréat) ont été présentées, ainsi que leur historique ou leur organisation. On y apprend que 57,4 % des lycées proposent un enseignement professionnel, et qu'en 2021-22, près de 73 000 enseignants y officient (dont 55 000 PLP).

En 2021 toujours, 26,7 % des élèves de fin de 3ème s'orientent vers une filière professionnelle, 5,4 % vers l'apprentissage. Une typographie de l'orientation en fin de 3ème en France se dessine selon les territoires. Par exemple, l'île-de-France envoie davantage les élèves vers les secondes générale et technologique, tandis que dans le Nord, le Nord-Est et les Drom (hors Mayotte) ceux-ci se retrouvent plus en voie professionnelle scolaire. Les académies du centre du pays envoient plus que les autres leurs élèves de fin de 3ème en apprentissage.

Par ailleurs, il existe 200 spécialités de CAP et 100 spécialités de bac pro. Les élèves qui sont dans les domaines des services vont plus vers le bac pro (sous statut scolaire) et une poursuite d'études, tandis que dans le domaine de la production, les élèves sont plus en CAP (en apprentissage) et vont vers une sortie d'études à la fin de leur année d'études.

Est également expliqué que “les élèves qui vont en voie pro sont plus souvent en difficultés scolaires que ceux de filière GT, et que le taux de réussite en voie pro est assez inférieur à celui en GT, c'est pourquoi, dira Marion Le Cam, “il y a un travail possible à faire“. De même, les IVAL (indicateur de valeur ajoutée) indiquent que “les lycées pros sont plus nombreux à être moins performants et moins accompagnateurs“.

Systèmes étrangers

Au niveau des comparaisons internationales, selon Isabelle Recotillet les dépenses de la filière professionnelle dans les pays de l'OCDE sont supérieures à celles de la filière générale, excepté en Australie et au Royaume-Uni.

En moyenne, 32 % de l'effectif scolarisé des pays de l'OCDE est en filière professionnelle du 2nd cycle de l’enseignement secondaire. S'il est de 24 % en France, cet effectif est inférieur à 20 % au Brésil, en Colombie et en Lituanie. A l'inverse il est supérieur à 40 % en Australie, en Autriche, en Belgique, en Finlande et en Slovénie.

L'orientation dans la voie professionnelle se fait en moyenne à 14 ans dans les pays de l'OCDE, soit à des moments précis du parcours scolaire (fin de cycle par exemple), soit via une orientation plus tardive ou progressive. Mais “dans beaucoup de cas, explique Isabelle Recotillet, l'orientation en voie professionnelle est encore trop souvent une orientation par défaut“ (ce qui n'est pas le cas par exemple en Allemagne ou les jeunes sont recrutés à 10 ans et le système est dit “dual“, ndlr).

En Espagne, l'orientation est également tardive mais est soulignée une “faiblesse de l'apprentissage“, au sein d'un système partiellement décentralisé. L'entrée en voie pro se fait soit à partir de 15 ans pour les élèves à risque de décrochage, soit à partir de 16 ans après la fin de l’enseignement obligatoire. A noter un système de crédits pour la reconnaissance des compétences ainsi que des diplômes avec modules définis à 60% au niveau national et à 40% au niveau régional.

En Corée du Sud, l'orientation est progressive et ressort de ce modèle l'idée de “succès d'un apprentissage d'excellence“. Celui-ci se fait en 3 années de voie professionnelle avec une 1ère année commune et la possibilité de suivre un cursus complémentaire de 1 à 2 ans. En 2004 une vaste réforme a été entreprise afin d'améliorer les perspectives professionnelles des élèves et la qualité des enseignements, et en 2010 l'ouverture à l'apprentissage s'est faite avec la création de Meister High Schools. Les établissements, sont autonomes et les certifications délivrées par les écoles. Seulement, les passerelles vers le supérieur sont limitées à partir de l’EP, et le niveau élevé dans matières générales s'avère être un “dilemme pour la préparation aux métiers à l’issue de l’EP“.

Isabelle Recotillet considère que “les pays où l’orientation est plus tardive ouvrent plus de possibilités pour les élèves qui suivent la filière professionnelle, à l’exception de l’Allemagne“. En outre, si l'enseignement professionnel se trouve négligé dans de nombreux pays, marginalisé dans les débats sur l’action publique, souvent relégué au 2nd rang à cause de l’intérêt croissant porté à la filière générale, presque tous les pays ont revu leurs politiques et réformé l’EP depuis 2010.

De nombreux pays subissent l’influence de la politique européenne sur les systèmes d’enseignement professionnels en Europe. Celle-ci a en effet défini une stratégie européenne à horizon 2030 qui tend à jouer sur la modularisation (permettre aux jeunes de circuler de l’enseignement professionnel vers l’enseignement général et réciproquement), la transversalité (c'est à dire décloisonner les voies de formation, modulariser les certifications et rendre les enseignements plus progressifs) ou encore sur les compétences générales (de base et numériques). Il s'agit également de l'influence des cadres de certification qui impose de répondre aux besoins du marché du travail en certifiant les compétences acquises.

Bien que la France se distingue avec sa voie technologique, conclut-elle, des travaux de recherche semblent indiquer que “dans certaines spécialités industrielles, le baccalauréat professionnel a tendance à se ‘déprofessionnaliser‘ et à se rapprocher fortement du contenu du baccalauréat technologique“.

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