43 % des jeunes qui sont passés par le lycée professionnel estiment avoir été “incités“ à le faire (Viavoice - Une voie pour Tous)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 17 janvier 2023.
43 % des jeunes qui sont passés par le lycée professionnel disent avoir été “incités“ à le faire, que ce soit par leurs enseignants ou leur entourage, peut-on lire parmi les résultats du sondage Viavoice réalisé fin décembre pour l'association Une voie pour tous et la Fondation de France.
Au total, 3 000 Français dont 960 jeunes de LP ont été intérrogés sur leur perception de la filière, et malgré tout, 84 % s'en souviennent comme une bonne expérience.
Ils sont également 3 anciens élèves de LP sur 4 à en avoir une bonne opinion, contre 65 % sur l'ensemble des Français. Malgré un manque d'attractivité (notamment en raison d'une sous-valorisation, d'après eux), une image plutôt positive donc, quand on sait que lesFrançais sont seulement 49 % à avoir une bonne opinion de l'éducation de manière générale.
Mais “la dimension sociale prend le pas sur tout le reste“, comme le déclare lors de la conférence de presse de présentation de l'étude Dylan Ayissi, fondateur de l'association “Une voie pour tous“ (voir ToutEduc ici). En effet, 37 % des français estiment que les élèves en classe de troisième provenant de milieux sociaux défavorisés sont moins bien informés sur leur orientation au lycée et ils sont tout autant à penser que cette orientation est généralement “subie“ concernant le lycée professionnel. A noter que trois interviewés sur quatre pensent que les personnes qui sont ou qui ont déjà été inscrites dans un lycée professionnel peuvent subir des discriminations (moqueries, mépris, exclusion...).
Le sondage éclaire ensuite sur les enseignements fondamentaux dispensés dans les classes de lycée professionnel. Tandis que 2/3 des Français estiment qu'ils sont “importants mais pas prioritaires“. 24 % des personnes interrogées (et même 54 % des professeurs de second degré) déclarent que selon eux, à la fin du collège les élèves qui vont entrer en lycée professionnel ont du retard sur les savoirs fondamentaux par rapport aux élèves qui s’orientent en lycée général ou technologique.
Professionnel ou général, les français attendent du lycée qu'il apporte des connaissances théoriques solides (à 49 %) tout autant ou presque que des compétences professionnelles, opérationnelles (47 %) ou une ouverture sur le marché du travail (45 %). Ils sont 34 % à y voir l'occasion d'apporter des expériences professionnelles.
Outre le manque de valorisation, les faiblesses du lycée professionnel sont pour les Français le manque de moyens humains et financiers (43 %), le fait qu'elle soit réservée à un certain type de personnes (en difficulté scolaire, provenant de milieux défavorisés, etc.., 38 %) et le manque de débouchés académiques (en termes de poursuite d'études en enseignement supérieur, 28 %).
A noter pour finir que 34 % des 3 000 personnes sondées disent avoir connaissance de la réforme en cours du lycée professionnel, dont 28 % qui en ont entendu parler mais sans savoir ce qu'elle contient.
L'association de Dylan Ayissi “Une voie pour Tous“ participe aux quatre groupes de travail mis en place par Carole Grandjean pour réformer la filière. “Au départ, explique-t-il à ToutEduc, les propositions portées allaient dans le mauvais sens, on a des personnes qui, à mon avis, ont réfléchi sur le lycée professionnel sans le connaître réellement, (…). L'augmentation des périodes de stage c'est ne pas connaître ce à quoi ressemble un stage pour les élèves de lycée pro, et la fracture que ça peut aussi représenter dans un parcours scolaire, ce qui implique une réduction des enseignements fondamentaux, donc c'était à contresens de ce qu'il fallait faire, maintenant on attend de voir parce que peut-être qu'il y a eu des prises de conscience, on l'espère et on verra ce que ça va donner."
Face à la “situation alarmante du lycée professionnel“, Dylan Ayissi souhaite notamment “arriver à 0 % d'orientation subie“ et agir sur les conseils d'orientation des élèves de 3ème, afin qu'ils “ne soient pas uniquement structurés autour de ce que l'on pense être les compétences académiques“. Il évoque l'importance d'avoir une ambition pour la filière, pour que soient proposées les formations qui correspondent aux attentes des élèves, tout comme celle des passerelles avec l'enseignement supérieur. Le collectif portera cette parole à la tribune de l'Union européenne en février.
L'étude Viavoice ici