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Evaluations : les recommandations du CNESCO sont plus sévères pour notre système scolaire qu'elles n'en ont l'air

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 16 mars 2023.

"Le constat est un peu triste, les élèves sont à la recherche de bonnes notes et oublient que la finalité, c'est l'apprentissage." Cette formule du jury qui conclut la conférence de consensus du CNESCO sur l'évaluation résume la difficulté de faire évoluer les représentations, du fait de la confusion entre les deux grandes fonctions des évaluations, accompagner les élèves dans leurs apprentissages et les classer, les comparer les uns aux autres. On observe toutefois, depuis une quinzaine d'années, un mouvement dans le 1er degré, soulignent Agnès Florin et André Tricot, qui se partagent la direction du Centre national d'étude des systèmes scolaires, on commence à le voir au collège, mais pas au lycée. Dans le 2nd degré, les "évaluations surprises" sont encore très fréquentes, et les parents ont un rapport ambigu aux notes, ils en demandent en même temps qu'ils savent qu'elles sont source de stress pour les élèves, pour les enseignants, et pour eux-mêmes.

"Les notes et les classements produisent des effets délétères (...) : découragement, détérioration de la performance, baisse de l’estime de soi et de la motivation", effets qui ne sont pas légitimes "quand l’enjeu n’est pas de sélectionner". Et pourtant l'évaluation est "au coeur" des apprentissages scolaires : "les élèves qui sont évalués pendant l’apprentissage sont plus performants et progressent plus que les élèves qui ne sont évalués qu’en fin d’apprentissage." Il s'agit de "demander aux élèves de mettre en œuvre la connaissance de ce qu’ils sont en train d’apprendre, puis de leur faire un retour sur leurs éventuelles erreurs, sur les causes de ces erreurs et sur la façon de ne pas les reproduire", de leur donner un "feed back" tout au long de la séquence... L'évaluation est alors "la meilleure des choses", tandis qu'elle est "la pire" quand la confusion règne.

Se pose dès lors la question de la validité du contrôle continu pour le baccalauréat, qui augmente la pression mise sur les élèves tout au long de l'année. Le jury de la conférence invite les enseignants à bien différencier les notes qui sont destinées à faire progresser l'élève et celles qui entrent dans le processus de certification. Ils sont "maîtres à bord" et ne sont pas obligés d'inscrire toutes les notes sur le dossier de l'élève. La conférence s'interroge aussi sur le LSU, le livret scolaire unique qui accompagne l'élève du CP à la 3ème et qui n'est pas organisé selon la logique du "socle commun de connaissances, de compétences et de culture". De même en ce qui concerne les évaluations nationales de CP, CE1, 6ème..., les "évaluation nationale", intéressantes au niveau "macro" ne peuvent pas être en même temps des outils d'aide pour chacun des élèves. Si, lors de la conférence de presse de présentation du rapport, hier 15 mars, le jury a été prudent dans ses formulations, il n'en a pas moins mis en cause certains aspects de l'organisation de notre système scolaire : "le changement long et profond" que "nous observons en France depuis quelques années (...) implique de nombreuses modifications à tous les niveaux, des pratiques quotidiennes dans la salle de classe au pilotage national."

A noter parmi les recommandations aux enseignants

- Définir des critères clairs et limités en nombre à atteindre par tous les élèves, quel que soit leur niveau initial, et s’y référer pour définir si les objectifs fixés ont été atteints ou non.

- Être attentif à ne porter aucun jugement de valeur sur un élève (même positif, même avec ironie), produire un retour sur les réponses et surtout sur les stratégies mises en œuvre.

- Impliquer les élèves dans le processus évaluatif, selon différentes modalités : évaluations entre pairs (...), auto-évaluations (...), moments de co-évaluation (lorsqu’élève(s) et enseignant comparent leurs évaluations respectives).

Parmi les recommandations à l'institution

- Encourager la construction de communautés apprenantes, pour enclencher des dynamiques de changement de pratiques évaluatives collectives (par exemple : partages de pratiques, renforcement des pratiques collaboratives en s’appuyant sur les structures existantes, actions locales de formation, extension de la réflexion à la comparaison internationale, etc.).

- Faire disparaître, à court terme, tout élément de comparaison entre élèves, dans les comptes rendus d’évaluations en classe et dans les bulletins scolaires (moyenne la plus basse et moyenne la plus haute de la classe dans chaque discipline, moyenne de la classe, etc.).

- Produire une version révisée du livret scolaire unique (LSU) qui permettrait d’éviter les confusions actuelles entre les attendus des programmes disciplinaires et ceux du socle commun.

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