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Génération 2017 : les jeunes descendants d'immigrés d'Afrique moins en emploi qu'attendu, ceux d'Europe du Sud davantage (CEREQ)

Paru dans Orientation le vendredi 03 mars 2023.

“En dépit de profils socio-démographiques et scolaires assez différents, qui justifient de les distinguer, les deux sous-groupes d’immigrés et les descendants d’immigrés d’Afrique ont tous trois un taux d’emploi observé inférieur au taux attendu“, explique le Cereq dans une analyse de l’accès à l’emploi des immigrés et enfants d’immigrés de la Génération 2017.

Pour les “deuxième génération“ d’Afrique, ajoute-t-il, “ce moindre accès à l’emploi s’observe malgré la forte élévation du niveau de diplôme des jeunes de la Génération 2017 par rapport à leurs aînés sortis en 2004“. En effet, entre 2004 et 2017, les écarts de niveau de diplôme des sortant dits de “deuxième génération“ d’Afrique se sont fortement réduits par rapport aux 75 % de jeunes des sortants du système éducatif nés en France de parents eux-mêmes nés en France (appelé “groupe de référence“, ndlr).

Pour preuve, en 2004, 31 % des jeunes de deuxième génération d’Afrique sont sortis non diplômés du système éducatif (contre 15 % des jeunes du groupe de référence) tandis qu'en 2017, ils ne sont plus que 18 % des jeunes de deuxième génération d’Afrique dans ce cas (pour 12 % des jeunes issus du groupe de référence).

Cependant, les “deuxième génération“ d’Afrique sont “plus nombreux à avoir arrêté leurs études sur un échec, soit à l’issue d’une année scolaire non terminale, soit sans réussir leur diplôme lors d’une année terminale“ : 47 % sont dans ce cas, contre 36 % dans le groupe de référence. La raison, nombreux sont ceux à interrompre leurs études “faute d’avoir trouvé un employeur pour une formation par alternance (16 %, contre 9 % dans le groupe de référence)“, un résultat qui “fait écho à leur moindre accès à l’apprentissage : parmi les ‘deuxième génération‘ d’Afrique sortant d’un CAP ou d’un bac pro, seuls 17 % étaient en apprentissage, contre 33 % pour le groupe de référence.“

“Par leurs origines sociales et leur lieu de résidence, analyse alors le Centre d’études et de recherches sur les qualifications, les “deuxième génération“ d’Afrique restent dans une situation moins favorable que le groupe de référence“. Ils sont nombreux à vivre dans les quartiers de politique de la ville (29 % contre 6 % pour le groupe de référence). Leurs pères sont beaucoup moins souvent cadres quand ils travaillent ou ont déjà travaillé (12 % contre 21 % dans le groupe de référence), et sont aussi plus fréquemment absents ou décédés. Leurs mères sont plus souvent au foyer sans avoir jamais travaillé. Au-delà de ces facteurs qui influencent les trajectoires scolaires, l’accès aux ressources culturelles et la qualité des réseaux amicaux et professionnels peuvent aussi jouer, à diplôme équivalent, sur les conditions d’accès à l’emploi.

Au final, quand 73 % des jeunes du groupe de référence parmi ceux sortis de formation initiale en 2017, sont en emploi en février 2020, ils sont 62 % pour les “deuxième génération“ d’Afrique. Leur chance d’être en emploi est donc inférieure de 15 % à celle du groupe de référence, même si cet écart était “bien plus important pour la Génération 2004 (23 % en février 2007).“

Les enfants d’immigrés d’Europe du Sud représentaient, en 2004, 29 % des sortants de “deuxième génération“ et 4 % de l’ensemble des sortants, mais ne sont respectivement plus que 19 % et 2,5 % en 2017. Malgré des parcours scolaires assez proches de ceux du groupe de référence, leurs origines sociales sont un peu plus modestes par rapport à ces derniers.

En février 2020, ces jeunes sont un peu plus nombreux que le groupe de référence à être en emploi, 75 % contre 73 %, alors que cet écart était plus réduit et de sens inverse en février 2007 pour la Génération 2004.

La nature de l’emploi occupé montre également une situation favorable des jeunes de deuxième génération d’Europe du Sud qui s’accentue, avec 48 % des jeunes, parmi ceux en emploi en février 2020, en emploi à durée indéterminée ou fonctionnaires, pour 43 % dans le groupe de référence. Le Cereq ajoute encore que 36 % des “deuxième génération“ d’Europe du Sud ont bénéficié d’un accès rapide à un emploi à durée indéterminée durable, contre 28 % pour le groupe de référence.

Pour le Cereq, les “deuxième génération“ d’Europe du Sud, “dont les origines sociales sont également plus modestes que la moyenne, n’apparaissent pas pénalisés pour accéder au marché du travail.“ Le taux d’emploi observé reste supérieur au taux d’emploi attendu même s’il s’en rapproche, “signe d’une meilleure insertion que celle espérée compte tenu de leurs caractéristiques individuelles“.

A contrario, les jeunes originaires d’Afrique “demeurent pénalisés“. Malgré un taux d’emploi attendu de 70 %, le taux d’emploi observé est de 62 %, soit 11 points de moins que pour le groupe de référence. Des résultats qui témoignent de “difficultés spécifiques pour les immigrés et enfants d’immigrés d’Afrique, dont l’existence de discriminations à leur égard peut être l’une des causes.“

Le Bref n° 434 ici

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