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Plan "500 000 actions de formation supplémentaires" : les moins de 26 ans globalement écartés du dispositif

Paru dans Orientation le mercredi 20 décembre 2017.

"Globalement, les jeunes de moins de 26 ans peu qualifiés constituent le seul public ayant relativement peu profité du plan." C'est l'un des constats faits par le comité technique d'évaluation, piloté par la DARES, qui a dressé un premier bilan évaluatif du plan "500 000 formations supplémentaires". Ce rapport d'évaluation a été mis en ligne sur le site du ministère du Travail le 13 décembre 2017. Annoncé par le président de la République François Hollande le 31 décembre 2015, ce plan visait notamment à relever le taux d'accès à la formation des personnes en recherche d'emploi, sans qualification et/ou de longue durée, en doublant le nombre d'actions de formation. Le plan avait fixé un objectif de 300 000 formations suivies par des demandeurs d'emploi (une autre partie visait à répondre aux besoins en compétences des entreprises et des branches professionnelles, territoire par territoire), objectif qui a été dépassé avec 356 060 entrées en formation en 2016. Le Plan a permis de faire passer le taux d'accès des demandeurs d'emploi peu qualifiés de 12 à 17 %. Le comité technique a produit une double évaluation, quantitative et qualitative deuxième volet réalisé au travers d'entretiens. 3 régions ont été étudiés dans le cadre des enquêtes de terrain.

De fait, le taux d'accès à la formation des jeunes de moins de 26 ans peu qualifiés a relativement peu augmenté, alors qu'il a "très nettement progressé entre 2015 et 2016" pour les personnes de 26 à 44 ans et pour celles de 45 ans et plus, avec une évolution respective de +59 % et +87 %, contre +17 % pour celles de moins de 26 ans, constate le rapport.

Les missions locales en retrait du Plan

Principale explication : les missions locales sont restées en retrait du dispositif et "ne se sont pas particulièrement mobilisées pour tirer parti du plan", écrivent les auteurs, "en partie parce qu'elles ont dû s'investir en 2016 dans la mise en place de la garantie jeunes et dans l'accompagnement des sortants d'emplois d'avenir". Ainsi, de manière générale, ces structures n'ont pas mis en place d'organisation spécifique pour le Plan et sont restées sur "des pratiques existantes".

Les auteurs soulignent néanmoins qu'elles ont été "peu incitées à se mobiliser". D'abord parce qu'elles ont été peu impliquées au moment de l'analyse préalable des besoins (l'urgence de la mise en œuvre du plan ayant limité, selon les auteurs, les possibilités de concertation). De fait, les financeurs ont ainsi mis l'accent sur des formations plutôt courtes, non qualifiantes, "correspondant tendanciellement moins aux besoins des jeunes suivis par les missions locales". Ces dernières ont également reçu surtout une "information au fil de l'eau", voire tardivement. Enfin, observent les auteurs, ces structures maîtrisent et pratiquent moins les procédures d'orientation vers les actions individuelles de Pôle emploi, qu'elles perçoivent "comme complexes et lourdes", que la prescription vers les actions collectives des conseils régionaux à laquelle elles sont davantage habituées. Or, c'est Pôle Emploi, selon le rapport, qui a porté 80 % des nouvelles entrées financées au titre du plan 500 000.

Le taux d'accès des moins de 26 ans reste néanmoins plus élevé que celui des plus de 45 ans

Ce retrait s'explique enfin par des modalités "techniques" d'accès au plan. En effet, alors qu'une "proportion importante" des jeunes peu qualifiés est seulement inscrite en missions locales, ces dernières n'avaient pas accès à l'outil (Kairos) qui permettait la validation de la prescription, outil uniquement accessible aux organismes de formation et à Pôle emploi. Ainsi, observe l'Association régionale des missions locales de l'une des 3 régions étudiées ("où la part structurelle des jeunes est supérieure à la moyenne nationale, et la plus importante parmi les régions étudiées") : "avec Kairos ce sont les organismes de formation qui s'autoalimentent et quand il reste 2 ou 3 places vides, ils appellent la mission locale pour remplir". Dans cette région, cette modalité d'accès au plan aurait ainsi provoqué, sur certains bassins, une baisse de 90 % de l'accès des jeunes à la formation sur l'année.

Le rapport souligne néanmoins que si la part de jeunes de moins de 26 ans dans les entrées en formation a fortement diminué (- 8 points) au profit des autres classes d'âge, le taux d'accès à la formation de cette tranche d'âge reste encore, en 2016, 1,6 fois plus élevé que celui des plus de 45 ans, écart que le Plan a contribué à réduire puisqu'il était 2,3 fois plus élevé en 2015. Pour les auteurs, "il est probable que pour ce public particulier, la demande soit déjà probablement satisfaite" puisque "près d'un quart de ces derniers accèdent à une formation chaque année".

Le rapport ici

Camille Pons

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