Justice » Recherches et publications

Les dispositifs relais face au décrochage scolaire

Paru dans Scolaire, Justice le mardi 13 janvier 2009.

Le dernier numéro de la révue XYZep, éditée par le centre Alain Savary de l'INRP, propose un dossier sur les dispositifs relais, qui accueillent temporairement les collégiens en situation de "décrochage".

Le dossier présente notamment les résultats d'une étude visant à évaluer les effets des dispositifs relais sur la réussite scolaire des élèves, à partir du constat suivant: des deux missions assignées par les textes à ces dispositifs – lutte contre le décrochage scolaire et lutte contre la marginalisation sociale – la première s'avère beaucoup plus difficile à remplir que la seconde. Autrement dit, si la "resocialisation des jeunes [est] un objectif globalement réalisé par les ateliers relais sur un mois environ (…), il n'en est pas de même concernant la remobilisation cognitive".

L'étude, qui porte sur six ateliers relais de l'académie de Lyon, souligne le décalage entre le discours généralement dépréciateur et essentialisant des professeurs et des CPE sur les élèves – qualifiés "d'ingérables" – et le discours des intervenants des ateliers relais, qui "évoquent des problèmes d'ordre affectif, psychologique" pour expliquer les difficultés d'apprentissage, et sont "les seuls à avoir cité le point de vue des élèves".

Ainsi, la rupture entre la classe et l'atelier relai, si elle s'avère bénéfique au moment du passage de la classe à l'atelier, l'est beaucoup moins au moment du retour à la classe, qui, au lieu d'être l'occasion "d'une démarche de valorisation des progrès survenus, même minimes", est marquée par l'appréhension du jeune devant le besoin de rattraper les cours. Ce qui, on le comprendra aisément, n'est pas de nature à atténuer la méfiance des familles à l'encontre des dispositifs relais, qu'elles voient souvent comme "un début de sortie définitive de la scolarisation […] ou une voie de garage ou un sas d'attente de la fin de la scolarité obligatoire".

Il ne suffit pas cependant de pointer du doigt le discours et les représentations des personnels de l'Education nationale. Ceux-ci, en effet, sont soumis à la contrainte des programmes et à la nécessité de fournir à un groupe des conditions d'apprentissage satisfaisantes, conditions au regard desquelles certains élèves en situation de décrochage ne pourront apparaître que comme des éléments perturbateurs.

Le problème n'appelle-t-il pas une réponse autre que la mise en place de dispositifs relais, qui, quelles qu'en soient par ailleurs les réussites, réaffirmeront toujours de manière implicite l'incapacité de l'élève à faire partie de la classe, et le besoin de lui faire subir un certain "traitement"?

Comment faire place, à l'intérieur même de la logique propre au fonctionnement et au besoin de réussite du groupe, à une autre logique – qui est précisément celle des dispositifs relais – faisant cas des individus les plus fragilisés, de leur histoire personnelle et de leurs difficultés?

C'est à vous de nous le dire.

 

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