Les enfants sourds et malentendants plus souvent maltraités que leurs pairs (recherche américaine).
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Justice le mercredi 19 janvier 2011.
"L'incidence des mauvais traitements, incluant la négligence et les abus physiques et sexuels, est 25% supérieure parmi les enfants sourds et malentendants que parmi leurs pairs", révèle une nouvelle étude du Rochester Institute of Technology (RIT), communiquée par l'Association des thérapies comportementales et cognitives lors de son sommet annuel (2010). Cette étude est la première à comparer la fréquence de la maltraitance chez les enfants entendants et malentendants.
"En communiquant des données claires sur le taux élévé de la maltraitance au sein de la communauté malentendante, nous souhaitons mettre l'accent sur ce phénomène et alerter les professionnels de la santé mentale", note Lindsay Schenkel, professeure-assistante de psychologie au RIT et directrice de la recherche.
L'enquête se fonde sur un sondage auprès de 425 étudiants, dont 108 étudiants sourds. Il s'agissait pour ces jeunes adultes de décrire toute expérience de mauvais traitement vécue prioritairement avant l'âge de 16 ans.
77% des malentendants ou sourds ont reporté des cas de maltraitance infantile, contre 49% des entendants. Une sévérité des cas de maltraitance qui serait aussi directement reliée à la lourdeur du handicap auditif. "Plus le handicap est lourd, et plus les jeunes ont fait état de maltraitance sévère".
"Il est intéressant de préciser que le fait d'avoir un parent sourd, ou un membre de sa famille qui utilise la langue des signes ne réduit pas le risque de maltraitance infantile", précise la chercheuse.
L'équipe du RIT observe également que ces enfants sourds ou malentendants maltraités présentent une estime de soi très inférieure à leurs pairs. Ils souffriraient également dans une proportion importante de dépression ou de stress post-traumatique.
Des voies de traitement sont ébauchées, qui devraient faire l'objet de recherches ultérieures: "Par exemple, notre recherche souligne que les individus activement engagés au sein de la communauté malentendante sont moins sujets aux dépressions et présentent moins de symptômes de stress post-traumatique".