Psychologie de l'adolescent: Un circuit du cerveau expliquerait les prises de risque. (recherche)
Paru dans Scolaire, Justice le lundi 09 août 2010.
Jeux du foulard, consommation d'alcools ou de psychotropes, conduite routière à risque... Comment expliquer la recherche chez les ados des situations dangereuses? Les adolescents recherchent-ils en toute conscience les sensations extrêmes, ou ont-ils des difficultés à anticiper les conséquences de leurs actes? Une expérience américaine apporte de nouveaux éléments au débat.
Jessica Cohen, psychologue à l'Université de Los Angeles, a observé le comportement des adolescents jouant aux cartes. Tout d'abord, elle a observé que les jeunes optaient préférentiellement pour des stratégies hasardeuses, mais potentiellement très gratifiantes, plutôt que pour pour des stratégies à faibles risques mais peu lucratives. Elle a mis en évidence la stimulation d'un système cérébral, le circuit de détection des erreurs de prédiction, qui permet de comprendre ce qui se passe chez un jeune prenant une décision risquée. Ainsi lorsque l'ado parie sur une combinaison qui a peu de chance d'être gagante, son cerveau prend note de ses faibles probabilités de l'emporter. S'il gagne malgré tout, le circuit de détection de l'erreur de prédiction, constitué des zones du cerveau, est activé, avec à la clef un plaisir intense.
La chercheuse montre une hypersensibilité des circuits de détection des erreurs de prédiction chez l'adolescent, probablement liée au développement du cerveau. Ce système serait plus sensible chez les adolescents que chez les adultes ou les enfants. Ceci expliquerait notamment pourquoi certains ados prennent beaucoup de risques en scooter: S'il n'a pas d'accident, le cerveau du jeune détecte une erreur de prédiction et en retire un plaisir intense.
Cette recherche pourrait intéresser parents comme éducateurs: La chercheuse précise que pour aider un adolescent à se protéger, il faudrait l'aider à développer la conscience des conséquences potentielles de ses actes, par la parole, l'information, la sensibilisation, l'entretien de liens de confiance entre l'adulte et le jeune...Le temps que son cerveau achève son passage à l'état adulte.
L'étude est téléchargeable ici.