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Quelle éducation pour prévenir l'addiction aux drogues (Publication).

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice le lundi 10 janvier 2011.

"En France, le concept d'intervention précoce commence à peine à prendre sens mais souffre d'une mise en oeuvre trop aléatoire. Aucune expérimentation n'est soutenue ni financée par l'Etat", estime Jean-Pierre Couteron dans une somme consacrée à l'addictologie, parue aux éditions Dunod.

L'ouvrage, qui présente, sous forme d'un aide-mémoire, les approches sociales, cliniques, thérapeutiques des addictions, consacre un long chapitre à l'éducation préventive, jugée d'autant plus nécessaire par l'auteur que l'évolution de la société porterait des techniques et valeurs propres aux addictions: instantanéité, intensité, individualisme.

Le psychologue se place en marge d'une logique d' "interpellation/sanction", "prioritaire" en France, comme en témoigneraient les "stages de sensibilisation" intervenant après l'interpellation. "L'usage de l'alccol, du tabac et des drogues ne saurait se traiter par le seul recours à la loi ou sur le modèle d'une maladie", ajoute le psychologue clinicien, "sauf à abandonner les usagers et les familles à eux-mêmes, au nom de l'illusoire protection par l'interdit".

L'auteur propose une réflexion autour de l'interdit et de sa "transgression", qui constitueraient le coeur de l"expérience" addictive. Or que devient l'expérience, semble t-il s'interroger, dans une sociéte qui prône une course à la sensation extrême, au dépens de l'intériorité? La modernité placerait le consommateur "dans une apesanteur irresponsable" qui l'empécherait de "faire expérience". Pour avoir une réelle efficacité, l'éducation préventive ne pourrait se résumer à la théorie. "Elle doit se faire dans l'accompagnement de l'expérience, quelle qu'elle soit".

"L'éducation expérientielle aide à gérer l'expérience vécue, à préciser le niveau de plaisir recherché, à connaitre les conséquences acceptables ou pas". L'auteur invite les professionnels à dialoguer, pour amener les jeunes à "anticiper les conséquences" et "déterminer leurs propres limites", étant entendu que "l'aspiration au plaisir", "la recherche de soi", et "d'autonomie" sont propres à cette période de la vie.

L'auteur enjoint aussi à une "cohérence" entre les acteurs de l'éducation. "L'éducation préventive doit intégrer une vaste réflexion sur l'éducation (...): famille et école, mais aussi d'autres lieux et temps". Cette cohérence des acteurs permettrait de "combiner des démarches préventives complémentaires": développer les compétences des parents, renforcer l'estime de soi des adolescents... En Allemagne, le programme "Realize it", destiné à des jeunes usagers de cannabis, aurait eu des résultats suffisamment positifs pour encourager le gouvernement fédéral à l'étendre au pays entier.

L'ouvrage fixe enfin la limite des programmes implantés dans l'école: des programmes efficaces nécessiteraient "l'implication des adultes et des familles". 

L'aide mémoire d'addictologie, sous la direction d'Alain Morel, Jean-Pierre Couteron et Patrick Fouilland, Dunod, 2010.

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