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Certains jeunes et certaines familles sont "invisibles", mal connus des services sociaux

Paru dans Périscolaire, Justice le jeudi 21 août 2014.

Les professionnels de l'aide sociale éprouvent souvent un "sentiment d’impuissance" face aux difficultés des familles "des enfants placés ou en voie de l'être". C'est ce qui ressort d'une étude sur les "publics invisibles", "sur la pauvreté et l’exclusion sociale de certains publics mal couverts par la statistique publique" publiée sur le site de l'ONED. 

Ces familles sont en effet confrontées à des difficultés qu'elles n'ont "ni la capacité ni les moyens de résoudre", elles éprouvent de la honte à être des "parents indignes" et elles hésitent à "passer la porte des dispositifs d’aide, et à être dans le face-à-face avec des professionnels" dont l'origine sociale génère souvent des "écarts de codes langagiers" et des incompréhensions. Leur formation est axée "sur une approche éducative, 'psychopathologisante' du lien parent-enfant et peu sensible aux questions relatives aux conditions de vie matérielles". S'y ajoutent, pour les professionnels, des résistances d'ordre éthique "à renseigner les éléments relatifs à la situation économique et sociale des parents", notamment par souci de ne pas les stigmatiser, "et encore plus à partager ces informations…"

Les mineurs isolés, les jeunes ruraux

Le rapport souligne aussi "l’absence d’existence politique" de ces familles. Aucune association des parents d’enfants placés ne porte une parole collective. Il pointe aussi "une autre invisibilité, "celle des liens avec la famille élargie", qui "ne sont pas sollicités", car les parents s'en méfient. Quant aux jeunes sortants des dispositifs de l'ASE (aide sociale à l'enfance), "surprotégés" aussi longtemps qu'ils sont pris en charge, ils sont ensuite "lâchés dans la nature", ce qui provoque chez eux une angoisse importante.

Les auteures évoquent également dans ce rapport la situation des mineurs isolés: "Il existe une forme d’absence de culture professionnelle sur la façon de travailler avec ces mineurs, par définition autonomes (car sans représentants légaux) et avec lesquels il ne s’agit pas de travailler à une réinsertion familiale mais à la construction d’un projet de vie".

Parmi tous les autres publics "invisibles" figurent aussi les jeunes ruraux en situation de pauvreté. Ils "se jugent beaucoup par rapport à la façon dont ils se sentent eux-mêmes jugés, regardés par la société, par les générations précédentes, ce qui les conduit à se dévaloriser". Contrairement aux jeunes des milieux urbains, ils sont connus, repérés par leur milieu et classés: "celui-là ne trouvera pas de travail, c’est un paresseux", "celle-là ne pourra pas faire ce à quoi elle prétend"... Pour eux, "l’invisibilité est, paradoxalement, la conséquence d’une trop forte visibilité".

Le rapport de Juliette Baronnet, Sarah Faucheux-Leroy, Pauline Kertudo de FORS pour l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale) est téléchargeable sur le site de l'ONED, ici

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