En 2021, 80 % des victimes de violences intrafamiliales étaient mineures au moment des faits (SSMSI)
Paru dans Justice le mercredi 01 mars 2023.
En 2021, les services de police et de gendarmerie nationales ont enregistré 468 800 victimes de violences physiques ou sexuelles, dont 14 % ont été commises au sein de la famille, hors cadre conjugal. Parmi ces 64 300 victimes intrafamiliales, 80 % étaient mineures au moment des faits, indique le service statistique du ministère de l'intérieur dans une note publiée le mardi 28 février.
Forte Hausse
Il indique que ces violences ont augmenté, “dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration de l’accueil des victimes par les services“, de 19 % pour les mineurs entre 2020 et 2021 (contre 7 % pour les majeurs), et même de 90 % si l'on remonte à 2016 (+35 % chez les majeurs). “Ces violences concernant quasi-exclusivement des victimes mineures au moment des faits (96 % des victimes), estime le SSMSI, on peut rapprocher ces très fortes hausses des évolutions législatives récentes concernant la protection des mineurs“. La loi du 21 avril 2021 visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste a ainsi “redéfini le périmètre des viols et atteintes sexuelles (actes sexuels consentis), ces dernières devenant un viol en cas de relation incestueuse entre un majeur et un mineur“ et elle “élargit le champ d’application de la qualification d’inceste, qui intègre dorénavant de nouveaux membres de la famille (grands-oncles par exemple). Cette évolution du champ des infractions sexuelles sur mineurs, intervenue au cours de l’année 2021, est ainsi susceptible d’avoir à terme un impact sur le nombre global de victimes enregistrées comme sur leur répartition entre ces différentes catégories“.
Mais il rappelle par ailleurs que “la majorité des victimes de violences intrafamiliales non conjugales ne signalent pas aux services de sécurité les faits qu’elles ont subis“, l'enquête de victimation Genese de 2020 ayant démontré que “seules un tiers des victimes majeures ont déclaré ces violences à la police ou la gendarmerie“.
Violences physiques, violences sexuelles
Avant l’âge de 10 ans, ce sont les garçons qui présentent les taux les plus élevés de victimes de violences physiques au sein de la famille, alors que c’est l’inverse ensuite. Ce taux est alors maximal pour les garçons lorsqu’ils sont âgés de 5 à 9 ans (3,2 victimes pour 1 000 habitants du même âge) et pour les femmes lorsqu’elles sont âgées de 10 à 14 ans (3,1 victimes pour 1 000 habitantes du même âge). Quant au taux de victimes de violences intrafamiliales sexuelles, il est toujours plus élevé pour les femmes que pour les hommes. Par exemple, les filles âgées de 5 à 9 ans sont trois fois plus souvent victimes de violences sexuelles intrafamiliales que les garçons du même âge.
Mis en cause
Au total, 38 100 personnes (dont les trois quarts sont des hommes) ont été mises en cause en 2021 pour des violences physiques au sein de la sphère familiale non conjugale et 11 000 pour des violences sexuelles dans le même cadre. Est calculé que 10 % des mis en cause pour violences intrafamiliales non conjugales enregistrés par les services de sécurité sont mineurs, un taux qui est de 7 % pour les violences physiques et 22 % pour les violences sexuelles. “Les mis en cause pour ce type de violences intrafamiliales sont beaucoup plus jeunes quand il s’agit de violences sexuelles que de violences physiques“, analyse pour finir le service statistique du ministère de l'intérieur. 16 % de mis en cause ont moins de 15 ans (respectivement 2 % pour les violences physiques), tandis qu'un quart a moins de 20 ans (versus 10 %).
La note ici