Romero: des « lycées ZEP » aux « métiers vils et pénibles »
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture, Justice, Orientation le mardi 28 juillet 2009.
Nestor Romero, ancien enseignant, auteur de L'école des riches, l'école des pauvres (Syros, 2001) publie sur le site Rue 89 une « réponse au Monde » où il reproche au quotidien d'utiliser l'expression « lycée ZEP », alors que les lycées ZEP, à strictement parler, n'existent pas.
Au-delà de la dimension purement technique de la question (plusieurs internautes réagissant à l'article de Romero estiment que les lycées ZEP existent bien, puisque les ZEP désignent des zones, à l'intérieur desquelles il y a des lycées) cette mise au point est l'occasion, pour son auteur, de dénoncer une idéologie. Idéologie construite à partir de l'opposition « lycées ZEP / Sciences Po » et de l'idée que des élèves de lycées ZEP peuvent entrer à Sciences Po, à condition de l'avoir mérité.
Pour Romero, les usagers d'un tel discours, en réduisant les inégalités sociales à des différences de mérite, cherchent à rendre acceptable le fait qu'il existe dans nos sociétés, à côté de ceux qui « réussissent », des personnes assumant « des besognes que nul ne choisirait d'accomplir s'il avait le choix »: ce que Lucien de Samosate, au IIe siècle, appelait « les métiers vils et pénibles ».
« Mais alors, s'interroge Romero, la fonction essentielle de l'école, avant même celle de production des élites, ne serait-elle pas la désignation de ces femmes et de ces hommes à tout faire? »