"Expérimentation", "confrontation" et "risque" comme conditions de réussite d’une politique de jeunesse des quartiers populaires.
Paru dans Périscolaire, Culture le mardi 18 janvier 2011.
"Il est évident ici que ces propositions viennent bousculer les politiques d’équipements telles qu’elles ont été pensées et menées depuis cinquante ans, et mises en oeuvre dans les projets d’animation de territoire". Le site Ressource jeunesse met en ligne les résultats du forum organisé par RésO Villes et l’Injep, au mois d'octobre 2010 à Lorient. La journée rassemblait des jeunes, des élus et des professionnels, à l'issue d'une recherche-action organisée depuis mars 2009 en Bretagne et Pays de Loire, afin de "mieux penser les politiques de jeunesse adressées aux jeunes des quartiers populaires".
Trois notions-clés sont apparues dans les discours des jeunes, des élus et des professionnels.
Tout d’abord, la nécessité d'"expérimenter", pour ne pas rester "figé sur des acquis et des schémas anciens" mais '"interroger et réactualiser sans cesse" ses paradigmes.
Plusieurs pistes d'expérimentations auraient été évoquées, dont la création d'espaces en libre accès autogérés par les jeunes et la re-création des postes de grands frères issus des quartiers (une proposition portée uniquement par des jeunes). Les jeunes auraient aussi évoqué leur souhait d'avoir à leur côté des "pairs" et non pas exclusivement des professionnels qui les encadrent.
Second point, la nécessité de "prendre des risques" aurait été affirmée. Il s'agirait de "s’autoriser à tenter des projets", "organiser le tâtonnement", et donc, du côté des élus et des professionnels, d’accepter de " ne pas avoir la main sur l’ensemble d’une démarche" et qu’"un projet puisse leur échapper". "Par exemple, lorsque l’on souhaite créer un espace dédié jeunes adultes en autogestion, cela ne peut se faire sans une prise de risques qui intègre l’idée qu’un tel projet peut échouer à tout moment".
Le troisième ingrédient incontournable serait de créer des espaces de rencontre entre jeunes d’un côté, adultes et institutions/entreprises de l’autre. Il s'agirait de lieux d’échanges "intergénérationnels" dans lesquels chacun pourrait échanger son point de vue "sans craindre le conflit car celui-ci est structurant pour la construction et la conduite d’un projet".
Durant le forum, les jeunes auraient été été très demandeurs d’échanges directs avec les élus pour la co-construction de la politique qui leur est dédiée, tout en rejettant certaines modalités de confrontation (réunions formelles…). "Refusant ce qu’ils ont nommé la relation de la promesse, ils ont manifesté le besoin de pouvoir échanger dans des conditions de confiance avec les élus, sans tabous et sans pression électorale, de manière régulière."
Les résultats complets de ce forum feront l’objet de la publication d’un livre dans la collection "cahiers de l’action" de l’INJEP qui sortira au premier trimestre 2011. L’ouvrage, coordonné par Chafik Hbila, proposera des articles des nombreux partenaires de ce forum et mettra en évidence les points de convergence sur lesquels peut prendre appui une politique de jeunesse. Une vidéo reportage de la journée est également disponible auprès de RésO Villes (ici).