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A la Villa Médicis, un voyage d'art et de culture pour 500 lycéens de filières professionnelles et agricoles (reportage)

Paru dans Scolaire, Culture le jeudi 11 mai 2023.

“C'est impressionnant, c'est grand !“, confie Gérald ce lundi 8 mai en découvrant la vue dégagée qui surplombe la capitale italienne. Elliot, son comparse de CAP jardinerie-paysagiste, s'émeut de son côté de “voir le changement historique qu'il y a eu dans la ville durant les années“.

Comme eux, quelque 500 lycéens de filières professionnelles et agricoles ont été invités à participer pendant une semaine à une “Résidence Pro“ organisée par la Villa Médicis à Rome. Après une édition pilote qui a concerné près de 300 élèves de la Région Aquitaine l'an dernier, la deuxième mouture a opéré une montée en puissance, en accueillant non plus 15 mais 24 lycées issus cette fois des régions Grand-Est (du 8 au 11 mai) et PACA (du 15 au 18 mai).

Le coût pour la Région Grand Est, qui précise avoir fait le choix de financer la totalité du projet sans reste à charge pour les familles (comprenant la convention avec la Villa Médicis, le travail d'accueil des jeunes, celui du service éducatif, le bus et les hôtels) est estimé à 230 000 euros pour 270 personnes.

Gilles Reicher, adjoint au service jeunesse à la Région Grand-Est, explique à ToutEduc le “long processus“ pour arriver à ce résultat, des premiers échanges en octobre 2021 au partenariat avec la Villa Médicis voté en mars 2022. Puis, un appel à candidature a été lancé sur le thème des métiers d'art et de l'art de vivre, “en lien avec la ville de Rome et avec nos filières de formation pro“. Après trois mois d'élaboration des projets par les équipes pédagogiques, 12 classes ont été sélectionnées (par région, ndlr), sur une trentaine de participantes. Le service éducatif de la Villa Médicis a ensuite donné des pistes d'inspiration à chacune des classes retenues, par exemple un lieu de Rome, un musée, une balade autour des fontaines.. avec l'idée de travailler autour : “On met les profs et les élèves en recherche par rapport à cette piste, par rapport au projet initial, poursuit Gilles Reicher, parce que ça mérite d'évoluer, et ça c'est un travail collectif qui est fait dans la classe“.

Il s'agissait ainsi, pour la classe de 2nde pro de la filière coiffure, de concevoir une reproduction du buste Fonseca, “une coiffure flavienne qui a des boucles devant et des tresses derrière“, explique Elisabeth, enseignante au lycée Jean Geiler de Strasbourg. “Pour faire ça, ajoute-t-elle, il faut maîtriser les tresses, les rajouts, savoir les positionner, savoir coudre puisqu'on a travaillé comme dans l'antiquité sur un buste, et on a cousu les mèches de cheveux“. Durant la préparation, elle a ainsi pu profiter de “plein de gestes professionnels qui ont été mis en œuvre et qui pouvaient faire avancer les élèves“. Et si les élèves “rentraient tout juste dans le métier, ils se sont investis à 100 % et ils ont su maîtriser les gestes assez rapidement“, se réjouit-elle. Elle ajoute que cela “leur a fait découvrir plein de choses parce qu'on a travaillé aussi sur la place de la femme dans l'empire Romain, on a fait un peu d'histoire, de la co-intervention avec des Maths pour la proportion du buste, et du français parce qu'ils vont faire une petite pièce de théâtre“.

Rome, cet écrin où fourmillent art et culture, pour Samuel “c'est une belle ville, je connais pas du tout je suis jamais venu ici, en plus être à la Villa Médicis c'est une belle expérience que je pense que je n'aurais qu'une fois dans ma vie“. Préparant actuellement un diplôme de technicien Métiers du spectacle option techniques de l'habillage (DTMS) à Metz, la concrétisation du projet sur lequel lui et ses camarades ont travaillé depuis septembre représente “un beau final“. Il raconte comment a été recréé le costume d'Artemisia Gentileschi, peintre italienne du XVIIème siècle : “On a vraiment tout fait, tout vu, on a créé toutes les étapes, la construction le dessin. Cette partie créative m'a bien plu, le dessin, de recréer une silhouette sur laquelle on devait tous être d'accord.“

A la fin du voyage, les lycéens vont présenter une restitution orale du chef d'oeuvre réalisé pour la résidence. A cet effet, un accompagnement a été mis en place “en leur mettant à disposition des comédiens avec qui on travaille dans le cadre de l'EAC“, souligne Gilles Reicher car “pour certains ce sont des jeunes qui n'ont jamais pris la parole“. Ces comédiens, complète-t-il, “on les connaissait et on savait qu'ils faisaient du bon travail, mais souvent ils faisaient du travail dans le cadre de la préparation du grand oral, et c'est fait régulièrement dans des lycées de centre-ville. Là on va dans un lycée pro et on aide les jeunes à prendre la parole". Selon lui en effet, “il y a aussi la volonté d'être dans un projet d'Education Artistique et Culturelle, en venant ici dans un lieu culturel mythique, et de créer une expérience collective avec un voyage, certains jeunes n'ont même pas eu l'occasion de bouger de leur département donc c'est l'occasion de leur faire vivre une expérience hors du commun“.

Ces lycéens, estime justement le directeur de la Villa Médicis, se trouvent dans “cet âge-là où un adulte, un professeur, une institution à un moment vous prend par la main, vous fait découvrir un lieu, un livre, une œuvre d'art et où cela a un vrai impact sur votre vie. Ce temps à Rome dans ce lieu d'exception qu'est la Villa Médicis, qui devient non seulement un objet de visite mais un lieu de travail sur leurs propres activités, c'est propice à ce genre de révélation, ça peut ouvrir le champ des possibles.“

Plus que ça, le projet Résidence Pro permet également à la Villa Médicis de sortir de sa “zone de confort“, estime Sam Stourdzé pour qui “sur ces sujets qui ont aussi à voir avec une forme de lien social ou d'ouverture sociale de la Villa Médicis, s'assurer de monter un programme de qualité est essentiel mais la question de la quantité est aussi essentielle. Ca paraît impressionnant 24 classes, 600 élèves, mais on pense que sur ce sujet-là il faut prendre le taureau par les cornes, le sujet à bras le corps et être massif. 600 élèves c'est beaucoup, mais ça reste une goutte d'eau par rapport à ceux qu'on aimerait pouvoir accueillir.“ S'il indique que l'établissement a initié le programme mais qu'il ne saurait le monter sans ses partenaires (dont les régions concernées, le rectorat et certains financiers privés, ndlr), et que la Région Grand-Est a déjà confirmé son engagement pour renouveler l'expérience en 2024, il espère à terme recevoir quatre régions par an, soit environ 1 200 élèves sur 4 semaines chaque année.

Le site de la Villa Médicis ici

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