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Développement de l'esprit critique à l'école : le pilotage ministériel vivement critiqué (IGESR)

Paru dans Scolaire, Culture le vendredi 29 avril 2022.

“Il conviendrait que l’ambition d’une ‘politique en faveur des développements de l’esprit critique chez les élèves‘ soit ambitieuse !“, intime l'IGESR dans un rapport datant de juillet 2021 et publié jeudi 28 avril 2022.

Si de nombreux dispositifs ont été mis en place, à ces différents niveaux, pour les inspecteurs généraux de l'Education nationale ils souffrent “de leur caractère implicite, insuffisamment visible, de leur hétérogénéité, et de reposer sur des initiatives individuelles disparates". Ils estiment que l’esprit critique “n’est pas une ‘chose‘ et ne vient pas en surcroît de ce que fait l’école“ mais qu'il “en infléchit les enseignements et c’est pourquoi c’est en leur cœur qu’il faut, non pas tant le porter, que le nourrir et l’encourager.“

Est ainsi “clairement posée“ la question d'un pilotage ministériel qui “souffre de discontinuité“. Ce pilotage est jugé “latent en temps ordinaire, au point de faire craindre une indifférence politique ou une sous-estimation des enjeux de l’éducation aux médias et à l’information“, mais pouvant tout autant “prendre face aux événements les plus tragiques de l’actualité, une intensité susceptible, à l’inverse, de traduire une tentation de reprise en main, oblitérant l’engagement obscur, mais bien réel, efficace et continu des équipes nationales et académiques".

Les inspecteurs généraux de l'Education nationale expliquent ensuite avoir observé un “hiatus entre une politique ministérielle définissant formellement une certaine spécialisation professionnelle dans le domaine de l’EMI (éducation aux médias et à l'information , ndlr), et, dans le même temps, une reconnaissance et une valorisation insuffisantes des agents réputés la porter". L'IGESR souligne par exemple “les incertitudes et les flottements dans la définition des missions des professeurs-documentalistes, pourtant identifiés parmi les principaux artisans de l’EMI“, et qui se révèlent “symptomatiques des manques qui caractérisent le pilotage ministériel.“

La mission se déclare également préoccupée d'un pilotage ministériel qui “peine à s’inscrire dans une conduite continue des politiques éducatives.“ Elle considère que les politiques académiques ainsi que les projets d’école et d’établissement “doivent pouvoir trouver des points d’appui nationaux et une légitimité institutionnelle que n’assurent pas, quelles que soient leur implication et la qualité de leurs productions, le Clémi, Canopé, ou même, isolément, les recteurs ou les régions académiques.“

Les inspecteurs généraux se font dès lors l'echo “de fortes inégalités académiques“, et se disent “frappés“ par “la diversité des choix d’organisation et des impulsions données par les recteurs et les rectrices au développement de l’EMI dans leur académie“ dont résulte “une liaison relativement aléatoire, au niveau territorial, entre l’éducation aux médias et à l’information, d’une part, et les enjeux de développement de l’esprit critique, d’autre part“.

“Parmi les constats le plus largement partagés avec ses interlocuteurs“, l'IGESR souligne “la part à la fois très faible et très hétérogène réservée au premier degré, alors qu’il est clair que les élèves ont tout à gagner à être frottés à l’EMI dès leur plus jeune âge et le début de leur scolarité".

Les inspecteurs généraux s'accordent à dire qu'il faut “décloisonner l’EMI“, mais cela ne peut selon eux “se faire que si, dans les territoires mêmes, des actions propices à sa diffusion sont initiées, entretenues et pérennisées.“ Car la politique en faveur des développements de l’esprit critique “est d’ores et déjà structurée“, cependant celle-ci “peine à étendre suffisamment en profondeur ses racines dans les territoires concernés.“

Il apparaît d'ailleurs “qu’un seuil minimal de moyens humains et de mobilisation personnelle est indispensable pour assurer l’effectivité d’une politique voulue et défendue par le recteur ou la rectrice d’académie.“

Les inspecteurs émettent ainsi 20 recommandations, parmi lesquelles se trouve notamment la question des moyens pour le pilotage académique de l’éducation aux médias et à l’information (deux équivalents temps plein dont au moins une personne à temps plein, recommandation n°13) ou encore à destination du CLEMI (N°2) dont les personnels sont “passés de 25 équivalents temps plein (ETP) autrefois à 18 aujourd’hui, cet étiage critique se révélant bien trop limité au regard de la montée en puissance de son activité et des attentes qui se manifestent à son égard“.

 Le rapport ici

 

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