les jeunes, inégaux face aux loisirs sur leur territoire. (Etude)
Paru dans Périscolaire, Culture le mardi 30 novembre 2010.
"Le niveau de satisfaction est corrélé à l’âge et, dans un moindre degré, au genre et au
lieu de résidence des jeunes. Les plus jeunes sont plus satisfaits et utilisateurs que les plus âgés". Dans le cadre d’une remise à plat des politiques jeunesses sur Rodez et sa banlieue, la nouvelle municipalité a lancé , en 2009, une étude sur les pratiques, attentes et représentations des jeunes concernant leurs loisirs, à partir d’un questionnaire construit autour de diverses thématiques et renseigné par 1001 jeunes de 12 à 18 ans et plus.
Les résultats montrent une forte diversité entre les jeunes concernant leurs loisirs, les représentations de leur territoire et leurs attentes. Ils mettent en lumière des inégalités "ressenties" concernant la prise en compte par les politiques des spécificités de chacun, des attentes et, au final de la place du jeune dans son territoire.
Les Jeunes des quartiers Est cumulent une représentation négative, voire très négative des propositions de la ville en terme d’animation, des difficultés de déplacement et des lacunes dans l'information. "Les trois autres catégories de jeunes sont plus positives sur l'offre, de très positive à plus nuancée. Les plus positifs étant ceux habitant plutôt au centre ville de Rodez." Les "très positifs" sont plutôt des collégiens, bien insérés qui profitent pleinement de l’offre alors que les "plus nuancé" ont plus de recul par rapport à cette offre, soit qu’ils ne s’en servent qu’épisodiquement, soit qu’elle ne correspond pas (et ne correspondrait pas quelle qu’elle soit) à leurs vies et aspirations".
L'étude évoque, pour le public porteur du discours le plus négatif, "une forme de malaise lié au sentiment de mise à l’écart par l’inaccessibilité d’une offre elle-même sujette à critiques car peu adaptée". Elle laisse également apparaître une rupture, ou du moins une dégradation de la participation, lors du passage au lycée. "Les dispositifs pour les plus jeunes pourraient être investis afin de mettre en place les conditions d’une pérennisation des pratiques et investissements des jeunes jusqu’à leur majorité."
Le groupe porteur de l'avis le plus négatif, plus âgé que les deux premiers, fréquente les bars, qui semblent être l’unique lieu de rencontre, et s’adonne au shopping. "Au regard des pratiques de loisirs déclarées, il semble exister un décalage entre l’offre et les attentes de cette population".
Il faudrait donc faciliter le déplacement, l'accès financier aux activités, mais aussi varier les modes d’information."Nous pensons que les inégalités ressenties relèveraient, en partie, d'un comparatif empirique réalisé par les jeunes. Comparatif qui, non seulement, révèlerait des inégalités de 'traitement' mais aussi des attitudes (au sens psychosociologique) discriminantes des décideurs concernant les loisirs eux mêmes", ajoute l'étude, qui invite à élargir la discussion à la place du jeune comme acteur à part entière sur son territoire.
Réalisée par Michel Lac, maître de conférences en sciences de l’éducation, (Université Toulouse-II Le Mirail), elle a fait l'objet d'une communication, dans le cadre des 5e rencontres "jeunes et société" organisées à Montpellier fin octobre 2010. Elle est téléchargeable en pdf à ce lien.